The Prodigies par NicoBax
Etant fan de "La nuit des enfants rois" de Bernard Lenteric, j'étais curieux et un peu inquiet de voir ce que pourrait donner cette libre adaptation du roman, surtout sous forme de film d'animation, là où l'original n'hésitait pas à verser dans la violence physique et morale. Alors certes, pas mal de libertés ont été prises (les enfants rois ne sont plus que 5, un jeu télé est le prétexte à leurs retrouvailles et surtout, les petits prodiges usent et abusent de leur pouvoir) mais finalement, sur le fond, on retrouve globalement l'esprit du bouquin.
Un peu déstabilisant esthétiquement au premier abord, on finit par se laisser prendre par le parti pris graphique et les frivolités de réalisation. Antoine Charreyron a des références cinématographiques et vidéoludiques et n'hésite pas à en user : les sévices subis par nos surdoués prennent la forme de combats cataclysmiques contre des monstres effrayants et les corps désarticulés dansent comme des pantins sadiques. On sent la touche du grand Humberto Ramos (qui mieux pour dessiner des pieds et des mains hypertrophiés que le dessinateur mexicain), principalement dans l'allure du grand Jimbo Farrar mais aussi dans les attitudes très DV8 de Gil et sa bande (et mention spéciale pour le silencieux Sammy). Contre toute attente, on retrouve la scène à Central Park, à peine édulcorée... Vraiment perturbant dans un univers qui ressemble à un épisode des "Nouvelles Aventures de Spider-Man".
Il y a de la cruauté, de la violence physique et psychologique comme dans le roman de Lenteric mais ses enfants roi ont subi un sérieux lifting : moins nombreux, dotés d'un pouvoir terrible, on s'est pas mal éloigné de la froideur psychologique du livre. Le choix de la menace finale est d'ailleurs assez surprenante car renvoyant plus aux peurs classiques des années 80's qu'aux terreurs actuelles engendrées par les marchés financiers. Ceci dit, comme pour le reste de l'adaptation, on se laisse prendre au jeu - avec un peu de distance - pour finalement se dire que la scène finale donne quand même bien envie de voir un 2ème épisode.