La littérature, on peut pas dire que ça a été une grande histoire d'amour entre elle et moi. Mais parfois, j'arrive à me motiver une ou deux fois par an, pour sortir mon esprit de l'inculture des lettres, et plonger mon nez dans un art qui n'a pas besoin d'écran pour s'exprimer.
Cela arrive très souvent, quand je suis au courant d'une adaptation de bouquin au cinéma.
Moins intéressé d'un futur comparatif que dévoré d'une curiosité urgente de découvrir de quoi me parlera le futur bébé cinématographique de A à Z
Tout ça pour dire que c'est comme ça que j'en suis venu à lire "La nuit des enfants rois".
"La nuit des enfants rois" est très loin d'être génial. Il fait partie de ces livres qui démarrent sur les chapeaux de roue pour finalement perdre du rythme et ramper jusqu'à la ligne d'arrivée.
Alors clairement c'est pas mauvais, mais c'est décevant.
"The Prodigies" lui démarre sur les chapeaux de roue dans un tout autre genre.
Je passe sur le graphisme des personnages et leur coiffure façon Playmobil.
On a Jimbo, le protagoniste, qui gamin voit sa mère et lui même se faire brutalisé par son papa, ivrogne, cliché ambulant du paternel abusif.
Et la y'a quelque chose d'extraordinaire qui se passe. Il y'a le réalisateur, qui pensant que ca n'est pas assez explicite tout ça, va lancer un procédé qu'il va répéter pendant tout le film et qu'on aurait espéré que jamais ô grand jamais, il eût connu: la manifestation visuelle.
Tout d'un coup, le pôpa prend forme d'un espèce d'ogre géant qui bât son fils sur fond blanc, en le balançant contre le sol comme le fait Hellboy avec n'importe quel démon. Mais hé, le réalisateur peut se le permettre, c'est que tout dans la tête de Jimbo !
Il referra la même chose lors de la scène pivot du film (et du livre) de viol. La vérité, c'est que si le réalisateur voulait vraiment choquer le spectateur, il aurait fallu les montrer ses scènes telles qu'elles étaient. Et non pas me sortir des créatures de Street Fighter donnant dans de la pseudo violence en monochrome.
Viennent ensuite les doublages catastrophiques, la relation entre Jimbo et sa femme ultra transparente. Et surtout une scission nette avec le bouquin. Mais pas tout à fait.
Je m'explique: dans le bouquin, la seule trace de surnaturel est la connexion psychique entre les 7 ados (car oui ils sont 7 chez Lenteric). Il n'ont pas le pouvoir de manipuler mentalement les gens, et n'en ont pas besoin, puisque leur intelligence hors norme est leur véritable pouvoir. Certes, ils commettent des meurtres mais pour rentrer dans leur plan de manipulation du monde par la finance.
Dans "La nuit des enfants rois", la fondation Killian n'avait déjà jamais crée de jeux vidéos pour trouver tout les enfants "prodiges" du monde. C'était un programme se limitant aux états unis en confiant un ordinateur à chaque classe du pays, en faisant passer les enfants devant en leur disant de faire ce qu'ils veulent. 7 résultats, dessins de forme géométrique donnent en effet le message "Where are you ?" et décèle un lien vers ces enfants qui ne se connaissaient ni d'Eve ni d'Adam. Donc pas d'intrusion dans l'ordinateur du réseau, pas de piratage débile.
Car c'est quand même un peu ridicule dans le film que les 5 enfants fassent une attaque collective sur un serveur alors qu'ils ne se connaissent pas.
Du coup 10 ans plus tard, la fondation affiche ses résultats lors d'une soirée mondaine dans le livre, mais ayant peur d'une mauvaise utilisation des 7 "prodiges", il cache leur existence à la Fondation, leur donnant bel et bien rendez vous à New York pour lui, mais donnant le titre de meilleurs résultats à d'autres enfants.
Dans le film c'est...
LANCONS DONC UNE TELE REALITE POUR LES EXPOSER AU MONDE ENTIER !!!
Ah...
Et plus tard le film reprend le bouquin en montrant le protagoniste prétendant à sa copine que les "prodiges" ne sont pas présents pour les protéger.
En gros, le mot d'ordre donné dans "The prodiges" est que quand le scènariste n'a plus d'idées, qu'il pioche directement au livre... quitte a ce que ca n'ait AUCUN FOUTU RAPPORT.
Autre exemple, dans "La nuit des enfants rois", Jimbo finit par se servir de l'attirance qu'à Liza pour lui, pour stopper les "Prodiges". Ca se comprend tout à fait.
Dans le film, la même chose arrive (sans la scène de cul Cronenbergienne) sauf que Liza a auparavant torturé la femme enceinte de Jimbo... et son enfant aussi !!!
Logique quand tu nous tiens...
Ah oui et j'oubliais des faits avérés que m'ont appris le film:
* Être surdoué, c'est mépriser les autres parce qu'ils connaissent pas par cœur le manuel de mathématiques pour universitaire, y compris ta propre mère.
* Tu peux avoir les dialogues de "Plus belle la vie" avec ta copine que ça ne gênera personne
* Quand tu contrôles le cerveau de quelqu'un, peu importe si il est vivant ou mort d'une balle dans le crane, c'est la même
* Ah et tu peux même lui faire faire des acrobaties façon Spiderman
* La maison Blanche reçoit n'importe qui
* Apprendre à s'insérer en société quand t'es surdoué, c'est tellement facile qu'il n'y a pas besoin de l'expliquer ou de le montrer (cf: Jimbo)
Mais ce qui est dingue, c'est qu'on part avec l'intention de vouloir aimer The Prodigies. Des films d'animation visant les adultes en France, on en fait trop peu (je ne me souviens que de Renaissance, qui lui fait la nique bien comme il faut, par ailleurs).
Et voila qu'on a juste donné 27 millions d'euros à des mecs pas intelligent pour qu'ils parlent d'enfants super intelligents.
On dirait presque une histoire belge...
