J'ai vu, dans ma vie beaucoup de films de propagande. On m'a dit que le terme propagande n'était pas assez clair. Le terme désigne tout procédé mis en place en vue d'impacter et d'influencer la psychologie d'une population ou d'un individu.


Quel intérêt peut-on trouver à The Queen, hormis peut-être le fait qu'il ait eu les faveurs des récompenses cinématopornographiques ?
En quoi The Queen modifie-t-il nos perceptions ?


Comme je disais, j'ai vu beaucoup de films de propagande. Je me suis en particulier intéressé à ce qui est appelé le culte de la personnalité de Staline. Je dois reconnaître que nous avons avec The Queen l'un des plus remarquables chef d'oeuvre de propagande dans le sens où le film dans son entièreté cherche à humaniser et à personnaliser le pouvoir et, plus précisément, le pouvoir et les relations entre la Couronne d'Angleterre et le Premier Ministre. Humaniser le pouvoir, c'est chercher à le rendre plus proche et à faire diversion sur la réalité des enjeux véritables qui règnent sur un pays. La Reine ne se préoccuperait-elle que d'affaires people ?
Le cas Di est l'occasion promotionnelle de faire un discours de supermarché. C'est un discours nivellé par le bas.


Par exemple, quand la Reine sort de sa torpeur pour prendre connaissance des fleurs qui jonchent le pavé devant les grilles du palais royal, n'avez-vous pas ressenti à quel point l'empathie se créait ? Vous allez me dire que cela fait parti du travail et de la "magie" du cinéma de créer de l'émotion.


Mais là, c'est clairement différent : premièrement, le personnage est un symbole (non loin du christ), il représente un pouvoir et l'hérédité (c'est dire l'intérêt de l'humaniser, histoire de susciter la sympathie). Depuis tout petit, on raconte aux anglais que la Reine est une autorité incontestable, maternelle, qui veille sur eux et qui a prêté allégeance à la Couronne. Respecter la Reine, c'est respecter la terre des ancêtres. Ce qui est exactement ce qu'on dit aux Nord-Coréens en ce qui concerne la dynastie Jong. LOL.


Deuxièmement, cette scène montre l'idole intergénérationnelle dans une situation où elle prend conscience de la rancoeur de certains à son égard. Et là... Oh my god ! La reine est accessible ! Elle est en tête de gondole ! Et, en plus, les gens l'aiment, elle est émue, elle a des regrets et elle a peur... D'où viennent donc ces critiques invisibles ? Quelle mystère ! sMiLeY iRoniQuE.
La mauvaise foi de ce film est totale et bien naïf est celui qui s'abandonne à de telles sornettes.


Et quelles sornettes, quels enjeux, doux aïeux ?! Il s'agit de faire vaciller la reine pour redorer les cotes de popularité, simulées par des sondages ! Il s'agit de faire progresser les moeurs au sein de la royauté normal, tout en étant à plat ventre devant la reine. Le numéro est celui d'un équilibriste


Résultat des courses ?


Tout le film ne repose que sur des notions de fantasme tels que la monarchie, Dieu, la patrie. La création d'un film identitaire, complètement martelé de démagogie, est une insulte au raisonnement humain alors que l'objectif était la rencontre du progrès (illusoire) et du conservatisme (réactionnaire).


Une chose est sûre pour Frears : il est temps de passer à la caisse. Alors que ce n'était pas du surgelé qu'il nous fallait ! The Queen avait besoin d'un soupçon de Chaplin pour ramener à la réalité et d'une pincée de Baron Cohen pour l'envoyer au diable... au lieu de ce chef d'oeuvre de la complaisance au service de la Nation.

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le 12 févr. 2013

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