Adapté d’une nouvelle de Claire Keegan, The Quiet Girl est le premier long-métrage du réalisateur irlandais Colm Bairéad qui s'évertue à faire voir l’été enchanté de la jeune Cait. En 1981, en Irlande, à la maison comme à l’école, la petite Cait est sujette aux railleries et aux mots épineux employés contre elle. Cette jeune fille en retrait grandit dans une famille de quatre enfants et doit supporter l’indifférence d’une mère dépassée et d’un père vulgaire, si ce n'est violent ou indifférent. Embourbés dans leur incapacité à subvenir aux besoins de toute la famille, ses parents décident de l’envoyer et/ou de s’en débarrasser passer une partie de la saison chaude à la ferme de deux parents éloignés qu’elle n’a jamais rencontrés, Eibhlin et Sean. Dans les bras de l’affection de cette campagne verte, la petite Cait voit l’horizon s’ouvrir, la lumière surgir et l’amour advenir.

“Tu n’es pas obligée de dire quoique ce soit. Nombreux sont ceux qui ont perdus une occasion de se taire et qui en ont pâti lourdement” Cette sentence est exprimée à la petite Cait par son hôte, Sean et elle rappelle fortement un proverbe arabe : “Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence, alors tais-toi.” Comment se taire face à cet océan de vagues noires ébloui par la lumière comme deux petites fleurs qui se heurtent entre elles.

Dans cette nature amicale, se peigner les cheveux, brosser les feuilles dans le sens du vent, traire les vaches, pleurer à la découpe des oignons, courir jusqu’au courrier, boire une tasse de thé, partager un regard complice, un sourire esquissé et voilà retrouvée, au cœur du tableau des félicités dans le plus beau des musées muets : la lumière du phare de la sérénité.

Lors de cette bulle d'évasion, grâce à une économie de dialogues, nous assistons à la création d’un amour artisanal sculpté avec les mains du quotidien, ces gestes de la banalité qui font germer les relations affectueuses. Colm Bairéad fait le choix, salutaire, de noyer l’océan sombre du foyer délabré de sa famille maternelle dans la lumière éblouissante du cocon rural de sa famille d’accueil. Un cinéma pur et envoûtant qui brûle, au plus profond de l’intime, la question de l’affection dans la construction d’une identité.


Episode disponible ici, mis en musique : https://www.youtube.com/watch?v=HfCHmQ7mNG8&t=4s

thomaspouteau
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 12 avr. 2023

Critique lue 1.1K fois

7 j'aime

thomaspouteau

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

7

D'autres avis sur The Quiet Girl

The Quiet Girl
dagrey
8

De l'ombre à la lumière...

Irlande, 1981, Cáit, une jeune fille effacée et négligée par sa famille, est envoyée vivre auprès de parents éloignés qui cachent un drame douloureux pendant l’été . C'est dans cette maison qu'elle...

le 17 avr. 2023

24 j'aime

13

The Quiet Girl
Plume231
7

Le Temps d'un été !

L'action est située dans la campagne irlandaise au début de la décennie 1980. Dans ce cadre rural, on suit une jeune fille de neuf ans, négligée et renfermée. Le temps d'un été, parce que sa mère...

le 11 avr. 2023

22 j'aime

5

The Quiet Girl
Cinephile-doux
8

Une parenthèse enchantée

Irlande, 1981. Une fillette effacée et négligée par sa famille est envoyée vivre auprès de lointains cousins pendant l'été. Dans cette maison où il ne devrait pas y avoir de secrets, elle en découvre...

le 28 août 2022

14 j'aime

Du même critique

La Panthère des neiges
thomaspouteau
8

L'affût enchanté

Jusqu'alors, je n'avais du souvenir de lecture du livre éponyme de Sylvain Tesson qu'un duo : lui, le virevolteur de mots, celui aux semelles de feu qui a écumé le monde et ses angles morts (Sylvain...

le 15 août 2021

33 j'aime

6

The Chef
thomaspouteau
7

Cuisine ouverte

Désormais, et c'est le cas dans le long-métrage The Chef réalisé par Philip Barantini, la tendance est à la cuisine ouverte. Cette dernière exhibe ses formes et ses couleurs face à la pièce à vivre,...

le 2 nov. 2021

25 j'aime

3

Les Sorcières d'Akelarre
thomaspouteau
8

Portrait de jeunes filles en feu

Faire mien les mots du poème La Femme et la flamme d'Aimé Césaire pour peindre Les Sorcières d'Akelarre qui est "un dragon dont la belle couleur s'éparpille et s'assombrit jusqu'à former l'inévitable...

le 29 nov. 2020

23 j'aime

2