Si l’on pouvait trouver des œuvres d’auteurs, la Nouvelle Vague hongkongaise c’était aussi des films plus commerciaux qui suintaient les envies de ses auteurs. Ainsi, The Security pourrait se placer entre un mixe de ces deux « natures ». D’un aspect commercial pour le film d’action qu’il est, The Security s’avère également être un film d’auteur sur le rapport qu’entretient le cinéaste à ses personnages. En particulier un, celui interprété par Ngaai Dik qui s’illustrait la même année dans Man on the Brink. L’auteur lui apporte une dimension dramaturgique qui est ici renforcée par la performance fascinante de l’acteur.


Cheuk Ang-Tong (co-scénariste avec Chan Kiu-Ying) nous plonge dans la vie tumultueuse de Lee Kwok Wai, ancien policier devenu convoyeur de fond. Le cinéaste dresse un portrait dur d’une profession à risque où les employés sont peu considérés par leur employeur. Ce dernier s’inquiétant plus pour son argent que des vies humaines qui trépassent pour le protéger. Là, où le personnage de Lee Kwok Wai est intéressant, c’est dans son évolution. Nous découvrons un jeune homme idéaliste, droit et qui croit en la justice. Il est prêt à tout pour mettre un terme aux agissements malhonnêtes qui l’entourent. Il en dénote alors un comportement expéditif qui dépasse souvent le cadre de son travail et qui n’est pas loin de tomber dans les travers de l’auto-justice. Cette nature désinvolte quoique respectueuse des règles sera aux cours des évènements contaminée par une part sombre qu’il ne se connaissait pas. Cette noirceur provoquée par son environnement se dénote par les transformations de faciès qui sont assez frappantes. Du coup, on n’oubliera pas une mise en scène qui travaille judicieusement le jeu d’éclairage et qui fait donc passer notre convoyeur de fond de la lumière à l’ombre.


Notons qu’il existe dans The Security la symbolique du miroir dans ce même passage à la face obscure. Elle y est importante puisque le personnage de Ngaai Dik se renvoie le reflet de son comportement changeant de façon insidieuse. Il est intéressant de noter qu’une fois le miroir brisé, Lee Kwok Wai bascule sur un chemin de non-retour où il assouvira dès lors ses envies de vigilantisme, enfouies au plus profond de lui.


Si la mise en scène de Cheuk Ang-Tong se caractérise par quelques idées bien exploitées, elle se révèle avant tout sans esthétisme. Elle se veut sèche et profite d’une violence réaliste et sans concession. Cette force qui en émane, elle nous la communique complétée par un jeu d’acteur convainquant dont Ngaai Dik sort son épingle. The Security n’est pourtant pas exempt de défaut. On n’échappe pas à des facilités scénaristiques souvent minées par des invraisemblances. Sans oublier, l’amourette qui vient amoindrir l’impact obscur de ce polar : Lee Kwok Wai s’amourache d’une employée de banque qui est ici interprétée par Patricia Chong Jin-Yee (la jeune fille meurtrie de The Beasts, 1980).


The Security est un polar de bonne facture que l’on pourrait rapprocher d’une œuvre de cinéma comme Taxi Driver de Martin Scorsese. Il y a un peu de Travis Bickle dans ce personnage joué par Ngaai Dik notamment dans cette troisième partie dont le climax final fonctionne et résonne encore aujourd’hui.


(voir peloche et + : https://hongkongmovievideoclub.wordpress.com/2012/02/14/the-security-1981-avis-critique-review/)

IllitchD
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le 20 août 2013

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