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Je viens de finir le deuxième visionnage de The Substance, de Coralie Fargeat... Et c'était... Mouvementé?


Il faut dire que la première fois que j'ai vu ce film, je m'étais déjà senti bousculé : c'est ce genre d'oeuvre qui ne laisse pas indifférent... J'en suis sorti impacté, choqué, intrigué, mais surtout inspiré. Par tant d'images, de couleurs et de sens. Ce film est lourd de sens, d'une charge qu'il démontre et déverse ici. Comment retranscrire en deux heures toute une vie de violences ? Ce poids peut paraître supportable, voire insignifiant quand on voit les autres le supporter. Ces femmes qui traversent notre quotidien, qui cachent des cicatrices et vivent avec. Blessures du passé, balafres qui les ont façonné. On leur a toujours dit quoi faire et comment. "Sois belle et tais toi" : on a souvent entendu cette phrase, mais que veut-elle dire vraiment ? Comment s'applique-t-elle ? C'est en interrogeant le film qu'on obtient les réponses à ces questions.


En effet, certains spectateurs remettent en cause la crédibilité de l'oeuvre, se demandant ainsi comment Sue a pu signer un contrat sans papiers, ou encore pourquoi personne ne semble lui poser de question sur qui elle est. Mais ils pointent justement du doigt le message du film : la femme n'existe qu'à travers son apparence. Ainsi, lorsqu'elle vieillit, elle perd sa plus value et peut donc être remplacée. Parce qu'"à 50 ans, ça s'arrête...". On dispose de femmes comme d'objets, simples "créations" qu'on pourrait "façonner pour le succès". Il est du ressort de la femme de se renouveler et non à l'industrie de se remettre en question. Notamment en s'infligeant des traitements, allant jusqu'à s'injecter une solution vert fluo. Le recours aux aiguilles nous fait évidemment songer aux pratiques de chirurgie esthétique, notamment le botox qui fige les muscles, mais pas le temps... Temps qui dans le film est symbolisé par la couleur jaune, dont j'ai remarqué la fréquente présence.

Tout d'abord, le film s'ouvre sur un jaune d'oeuf qui se dédouble une fois la substance injectée. Ce premier plan, aussi habile que subtile, nous expose déjà le propos du film. La substance permet de se dédoubler, et donc d'inverser les effets du temps mais pas de l'arrêter. D'où le logo de l'entreprise derrière The Substance : deux arcs de cercle jaune côte à côte allant vers la gauche, ce qui évoque l'icône visuelle du rembobinage. Toutefois, il est évident que celles qui subissent le plus le temps sont nos deux protagonistes. On remarque alors Elisabeth et son long trench jaune, qui "porte" le temps et ses effets sur elle. Mais aussi Sue, qui, avec ce même manteau semble subir le temps et courir après. À en vouloir toujours plus, on brise tout ce qui nous reste. En voulant inverser le sablier, on finit par le briser.


The Substance, plus qu'un évènement choc ou un frisson d'un soir, un véritable coup de poing aux allures grotesques et aux références habiles. Une oeuvre qui s'assume pleinement, y compris dans ses contradictions et son "too much".

jackassboy
9
Écrit par

Créée

le 21 avr. 2025

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