Comme "La mort vous va si bien" avec un scénario bien mince.

Je viens de voir "The substance", c'est le crossover entre "la mort vous va si bien", "Seconds", "Cendrillon" et "The thing". Demi Moore et Margaret Qualley (la fille d'Andy MacDowell vue dans "Once upon a time in Hollywood") y sont bluffantes.

A voir pour la performance des actrices et les clins d'oeil précités. Un film de cinéphile, à la croisée des références explicites et du plagiat, un peu comme le fait Tarantino, mais réalisé par une femme française (Coralie Fargeat), qui manifestement kiffe Robert Rodriguez. La fin on dirait "Planet Terror".

Gros, gros défaut néanmoins : le gore remplace un réel scénario, tellement mince qu'on dirait une idée de court métrage étendu à la "Black mirror", ou "Twilight zone".

L'emprunt à l'idée de "La mort vous va si bien" est bien réel avec la substance qui ne rajeunit pas, mais crée un double qui vit à votre place pendant 7 jours.

C'est original cette idée du duplicata plus jeune (qui ne vous ressemble pas du tout du reste), mais pas du tout creusé. On ne sait pas comment chacune des protagonistes ressent cette situation de l'intérieur, aucun aspect introspectif n'est jamais abordé. Chacune d'entre elles vit une vie séparée alors qu'on nous répète comme un leitmotiv : "vous ne faites qu'un vous et la doublure".

Elles auraient dû être davantage connectées, en symbiose, comme des jumelles, des soeurs de sang, on aurait compris l'intérêt de la démarche.

Là, on reste sur sa faim : quel est le but pour Elisabeth Sparkle (Demi Moore, qui a eu une étoile sur Hollywoord boulevard quand même) de donner vie à une petite connasse (Sue/ Margaret Qualley) qui vous vole votre succès, vous méprise, ne respecte pas le timing des 7 jours, si ce n'est vaguement de vivre un succès par procuration ?

Cette incarnation de l'extrême vanité est complètement laissée de côté.

C'est dommage, c'est cet aspect qui m'aurait le plus intéressé, intellectuellement, philosophiquement et même physiologiquement. Le film aurait pu être un chef d'oeuvre de réflexion sur le fait d'accepter de vivre avec son âge comme "All about Eve" ou "Fedora".

Au lieu de ça, l'histoire est un prétexte au gore qui se veut fun (très tendance à la "Kick ass", "Bullet train", "Deadpool & Wolverine") et au "body horror", comme "Brain dead", ou "The Thing".

C'est dans l'air du temps : on veut se divertir avec des images choc et ne réfléchir sous aucun prétexte, comme si c'était péché, comme si Youtube avait fini par tous nous lobotomiser.

On esquisse des personnages à peine creusés et on colmate les trous du scénario à grands renforts d'effets spéciaux. C'est bien dommage.

Un film de 2 heures se doit de proposer un fil narratif haletant (qu'on ne devine pas en 3 minutes), avec des rebondissements, pas uniquement des anecdotes.

Pour le fait d'avoir totalement bâclé les personnages, d'avoir écrit une histoire hyper prévisible et à peine approfondie, "The substance" mérite tout juste la moyenne.

Rappelez-vous les mots de Jean Gabin : "un bon film c'est 3 éléments : une bonne histoire, une bonne histoire, une bonne histoire".