J’ai une grosse journée qui m’attend, et j’enchaîne direct avec The Survivalist de Stephen Fingleton. Après que le monde ait implosé suite à la disparition des ressources fossiles et le décroissement soudain de la population mondiale, on suit la vie routinière d’un survivant installé dans une cabane dans les bois, jusqu’au jour où une mère et sa fille arrivent. Le postulat écologique et politique est simple, et nous est donné dés le générique grâce à deux courbes de croissance (et de décroissance), l’une représentant les ressources fossiles, et l’autre la population mondiale, les deux pas si étrangement liés. Une fois ce constat établi, le film se concentre sur ses personnages. Minimaliste et radical pour certains, ennuyeux et pompeux pour d’autres, le film ne comporte aucun dialogue dans sa première demie-heure et se concentre sur la vie quotidienne du protagoniste (il est seul, pourquoi parlerait-il). La mise en scène offre peu de plan large, et se compose surtout de gros plans, empêchant ainsi le spectateur de se représenter les lieux dans son ensemble. On est alors enfermé avec ce survivant, et on perçoit alors les mêmes choses que lui. Il y a également très peu de mouvements, impliquant donc que le monde autour de lui n’est que mort et immobilité, aussi bien dans l’espace que dans le temps. Un temps qu’on aura du mal à appréhender d’ailleurs, mais dans un monde où on a pas à se lever le matin pour aller prendre son métro, on s’en fout du temps. Ce qui importe ici, c’est l’alternance du jour et de la nuit. La cinématographie, sombre et naturaliste, ne sublime jamais l’image; ainsi, les scènes de nuit sont éclairées à la bougie. Cette direction artistique précise, du décor aux accessoires en passant par la photographie, est donc très réaliste et nous fait nous identifier encore plus à ce solitaire beau gosse (qui est étrangement bien bâti). L’absence de musique extra-diégétique (à part à la fin) renforce également ce sentiment de solitude, et finalement d’humanité, car à part œuvrer pour sa survie, il ne peut rien faire d’autres. Ce personnage est en effet plus proche de l’animal sauvage que social. Son adaptabilité lui ayant permis de survivre coûte que coûte. Cependant, l’ennui qu’il ressent transparaît, et on se demande au bout d’un moment s’il doit ou non continuer à vivre. L’arrivée des deux autres personnages le font changer drastiquement, et il retrouve ainsi une part d’humanité qu’il avait d’enfoui au fond de son âme. Plus qu’un film écologique, The Survivalist parle finalement de la condition sociale de l’être humain, et du besoin qu’il a de vivre entouré des siens. En effet, si l’échange, le partage et/ou la proximité n’existent plus, l’humanité n’a plus de sens. Comme des fourmis, les humains sont des être sociaux, qui n’ont de sens qu’à travers les autres. Mais, comme disait Jean-Paul Sartre dans Huis Clos :



L’Enfer, c’est les autres



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VictorTsaconas
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le 21 oct. 2015

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Victor Tsaconas

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