Il était une fois l'histoire du réalisateur qui ne voulait pas être "normal"
S'il y a bien une chose que l'on ne pourra jamais ôter à Terrence Malick: c'est sa photographie léchée qui transpire dans tous ses films (des Moissons du Ciel en passant par La Ligne Rouge et Le Nouveau Monde). C'est bien simple, si vous avez un lecteur Blu-Ray et qu'Avatar était votre disque étalon-technique, The Tree of Life va sans doute pouvoir aisément le remplacer tant il procure une claque visuelle et sonore sans égal.
Pour le reste, j'aimerais vraiment défendre Terrence Malick sur ce coup: si j'avais moyennement apprécié Les Moissons du Ciel (plus anecdotique qu'autre chose), j'avais adoré La Ligne Rouge et Le Nouveau Monde. Mais là, trop, c'est trop. Le coeur du film (sur les relations difficiles entre ces trois frères et leur père autoritaire et perfectionniste et leur mère soumise à son époque) est pourtant excellent et tout en subtilité. On tenait là un très bon film dramatique dans le ton de Revolutionary Road (Les Noces Rebelles). Mais voilà, si Malick voulait se la jouer "président normal", ça se saurait depuis un bail... Il a donc voulu nous enrober cette histoire avec un bric-à-brac mystico-religieux: comment expliquer le déterminisme divin? quid du destin des trois frères replacé dans le chemin de l'évolution humaine? Pourquoi l'un deux a été rappelé vers le très haut à 19 ans? etc... On comprend vaguement (mais très vaguement, hein...) où Malick voulait en venir. Mais il en a trop fait. Parce que franchement, on se serait vraiment bien passé des 40 minutes initiales nous retraçant l'évolution (du Big Bang en passant par le Jurassique et la disparition des Dinosaures...) sauf pour les fervents amateurs de fonds d'écran animés et de documentaires mêlant images réelles et images de synthèse. Le dernier quart d'heure totalement mystique est lui aussi en trop. Pourtant, là encore, le coeur du film sonne vraiment juste... mais voilà, Malick, à trop vouloir se regarder filmer en premier de la classe qu'il est, a résolument franchi la ligne... jaune.
The Tree of Life, c'est au fond un peu comme un vieux BN resté au fond du paquet. On n'a qu'une seule envie, retirer les deux couches de biscuits étouffants pour attaquer directement le chocolat.