Pour moi qui ne cesse de geindre face aux sorties d’aujourd'hui qui manquent selon moi d'audace et d'originalité, au moins pourrais-je reconnaître à ce "Tree of Life" sa remarquable démarche, unique et séduisante à n'en pas douter.
Lier le mal-être de la vie d'un homme au big-bang et à l'évolution de la vie : j'avoue, j'adhère entièrement.
Se pose néanmoins la question de la cohabitation des deux ensembles au sein du même film.
Certes, Terrence Malick est un cinéaste merveilleux, qui a un sens de l'image inouïe et qui parvient ici à faire de chacun de ses plans un pur moment de grâce dont je reste un inconditionnel admirateur.
Mais malgré tout, il me semble qu'à se laisser emporter par l'accumulation de belles images et d'instants magiques, Malick tombe cependant dans ses travers habituels : le catalogue et la bigoterie.
Le catalogue d'abord...
"Tree of Life" nous bombarde d'images et d'instants, il nous en met cent comme il aurait pu en mettre mille, sans logique de rythme ni de progression.
D'ailleurs, là où je trouve que le film se loupe totalement, c'est justement dans sa façon de lier « histoire de l'univers » et « histoire d'un homme ».
Jamais vraiment je n'ai senti l'osmose entre ces deux démarches : toujours j'avais l'impression que deux films totalement différents s'étaient rentrés dedans sans se mélanger et interagir l'un envers l’autre.
Les deux éléments s'identifient d'ailleurs très facilement dans le temps : la partie « science de la vie et de la terre » se retrouvant condensée dans la première heure, tandis que la vie de famille du petit Jack se retrouve agglomérée dans les deux derniers tiers.
J'en ai entendu dire qu'ils s'étaient ennuyés comme des rats morts durant la première partie pour enfin trouver de l'intérêt dans la deuxième partie du film ; pour ma part c'est totalement l'inverse.
Une fois le train-train quotidien enclenché, je trouve que le film devient très vite répétitif dans son style, classique dans son propos, basique par rapport à sa démarche initiale qui annonçait beaucoup.
Parce que le deuxième problème est aussi là : il y a donc également la bigoterie.
Sitôt s'agit-il de disserter sur la vie que Malick oublie rapidement les sciences de la vie et de la terre.
L'arbre de vie devient arbre divin et les questionnements existentielles deviennent mantras éthérés qui se répètent à l'infini, entrainant forcément une circumambulation du récit.
Et outre le fait que cette bigoterie conduise finalement le film à des considérations bien pauvre, en plus de ça, elle nuit considérablement à sa dynamique et à son élan.*
Alors oui "Tree of Life" est original ; oui il est composé d'images magnifiquement composées ; oui il est pétri de bonnes idées ; mais il n'empêche que – au-delà des bonnes intentions – il reste une réalité : celle du plaisir face à l’écran.
Pour moi, "Tree of Life" ça a été de rares instants d’extase pour de longs moments d’ennuis.
Difficile de conseiller un film qui vous a fait regarder votre montre vingt fois et qui vous donne l'impression d’avoir pourri une après-midi...
...Et moi, face à des moments comme ça, je peux vous dire que je m'en rends bien compte que Dieu au final n'existe pas.