D'emblée, The tree of life ressemble à une super bande démo pour le Canon 5D : superbes images, superbes couleurs, supers effets de profondeur de champ ! Le soleil à travers les feuilles des arbres, une main qui caresse les blés, la nature, les visages, les figures, les corps qui se frôlent... Oui, vraiment, c'est beau et on est scotché pendant les 30 premières minutes, jusqu'à ce qu'on arrive dans les étoiles et le fondement de l'univers (et là ... on se demande un peu si le film va commencer oui ou merde).
On aimerait dépasser le caractère naïf des belles images soutenues par les choeurs et la musique, on aimerait que les scènes mystiques dans les étoiles soient plus courtes, on se dit que les discussions avec Dieu c'est un peu pédant ... (non mais franchement, le coup de la lumière dans l'obscurité...).
Attention hein, j'ai rien contre la naïveté, au contraire ça manque trop souvent au cinéma, mais il eut été brillant de dépasser cette fascination pour l'image et d'entrer dans le vif du sujet que semble caresser le film : de l'univers à l'humain, de ce qui nous dépasse, une forme de déterminisme, ce qui nous définit les uns les autres, les uns par rapport aux autres (et par rapport à l'animal). C'est ambitieux mais faut assumer maintenant !
Mais en fait, dans le film, tout ça n'est que survolé en permanence, Terrence Malick veut pas aller trop loin sinon faudrait redescendre un peu sur terre et ça c'est pas trop son truc. N'est pas Kieslowski qui veut.
Ceci étant dit, c'est aussi une question de contexte. J'aurais vu ce film quand j'étais étudiant et que je passais mes nuits au Dietrich' avec des hordes de jeunes festivaliers désargentés, dans cette salle pas aérée qui pue la sueur, j'aurais adoré. C'était un truc à vivre, une expérience mystique qui fait planer. Au petit matin, en mangeant l'un des désormais célèbres sandwichs au saucisson accompagné d'un café serré, je serais resté là, à regarder le soleil naissant, avec l'impression d'y voir la vierge.
Mais je l'ai pas vu au Dietrich à Poitiers avec des potes cinéphiles de la première heure, je l'ai vu à l'UGC Normandie, sur les champs avec une amie et on s'est bien fait chier !