Souvenez-vous. En 1999, M. Night Shyamalan était le golden boy d'Hollywood, un jeune réalisateur qui a su imposer en 2 films (plutôt un même) son style froid, ses histoires sombres et son écriture sans fioritures. Tout le monde se souvient de la première fois qu'il a vu l'immense Sixième Sens et de son dénouement hallucinant. Et son parcours ne fait que monter, en passant par un des meilleurs films de super-héros (Incassable) puis un film d'extraterrestre comme on en a vu peu (Signes). C'est avec The Village que son piédestal a commencé à trembler et La jeune fille à la perle où il s'est fissuré. Mais c'est en 2008 que se produit Phénomènes, mettant en scène Mark Wahlberg et Zooey Deschanel dans un thriller écolo. Si le succès au box-office était au rendez-vous, ce n'était pas le cas pour les critiques assassines. On aurait pu croire à une erreur de parcours. C'était sans compter l'infâme adaptation de l'un des meilleurs dessins animés au monde : Le dernier maître de l'air. On essaie encore d'oublier.
En 2013, Will Smith le contacte pour réaliser un film écrit par Gary Whitta, un long-métrage de commande donc, mettant en vedette Jaden Smith, fils de. Malgré les innombrables qualités du film (et il y en a beaucoup), ce fut un véritable échec, aussi bien critique que commercial.


On pensait le metteur en scène presque fini. Force est de constater qu'il a encore beaucoup de talent, et qu'il est prêt à le revendre. Comment allait-il rebondir de ses différents échecs cuisants ? Le plus simplement du monde : seul. Si The Visit est écrit par Shyamalan, il l'a également financé de sa propre proche avec son salaire perçu pendant After Earth, Blumhouse étant venu plus tard dans la production. Film 100% indépendant, le metteur en scène se voit accompagnés d'un casting d'inconnus, à l'exception de Kathryn Hahn, dont le visage ne vous sera pas inconnu vu que c'est une habituée des seconds rôles. Ajoutez à tout ça un film entièrement en found-footage et nous avons la parfaite recette d'un film on-ne-peut-plus Shyamalanien. On suit ici 2 jeunes enfants qui vont pour la première fois chez leur grand-parents pendant que leur mère est en vacances. Rebecca est passionnée de cinéma et veut faire un documentaire sur sa famille. Son frère, Tyler, plus jeune, est quant à lui un chanteur en herbe, il rap. Une famille normale en somme, jusqu'à cette arrivée chez les grands-parents, où, dès la nuit tombée, leur comportement change et semblent être possédés. Difficile dans dire plus sans trop en révéler. Mais on peut déjà vous dire que The Visit est une vraie réussite, et le meilleur film d'horreur qu'on a pu voir au cinéma depuis Insidious.


Très loin au dessus des films en found-footage tout nul qu'on a l'habitude de voir sur nos écrans (Paranormal Activity), ici, il y a un vrai prétexte, c'est bien amené, naturel et permet parfois de belles idées de mise en scène. Le film étant construit comme un faux documentaire, on évite les longs plans chiants où la caméra est posée sur un ventilateur qui tourne. Non, The Visit va droit au but, aussi bien dans son récit que dans sa réalisation. Mais la véritable force du long-métrage est d'offrir, à l'instar de Signes, un background ultra-réaliste. Une famille classique va faire un voyage normal chez les grand-parents. Mais l'étrange va s'installer petit à petit, et le tout parfaitement dosé. Ainsi, les premières activités "paranormales" n'apparaitront qu'au bout de 20 minutes, mais changeront entièrement la vision que vous aurez, où chaque situation normale devient grâce à cette mise en place, étranges, dont une partie de cache-cache flippante. L'étrangeté des situations ayant lieu la nuit, le film, au delà de vous mettre extrêmement mal à l'aise, est construit en crescendo avec une dernière demi-heure vraiment terrifiante. The Visit est sûrement l'œuvre de Shyamalan qui se rapproche le plus de Signes, aussi bien dans ses thèmes abordés (l'importance de la famille) que dans le traitement de ses personnages (des personnages ordinaires dans une situation extraordinaire), où tout à son importance et où les protagonistes ne sont pas des demeurés finis. Toutes ces qualités sont aidées par un casting impeccable qui prouve que M. Night sait diriger les enfants (presque) comme personne.


M. Night Shyamalan est bel et bien de retour pour le grand public en faisant ce qu'il sait faire de mieux. Si The Visit est classique sur le papier, un très grand nombre de petits détails en font un film extrêmement inventif et surtout, ça fait longtemps qu'on avait pas eu peur comme ça au cinéma. Et franchement, ça fait plaisir !

AlexLoos
9
Écrit par

Créée

le 31 août 2015

Critique lue 4K fois

7 j'aime

2 commentaires

AlexLoos

Écrit par

Critique lue 4K fois

7
2

D'autres avis sur The Visit

The Visit
Sergent_Pepper
3

(Je me refuse au jeu de mot certes tentant mais trop facile avec footage)

Il est des missions dans lesquelles la persévérance a du bon. Sergent Pepper est toujours en quête du film qui lui ferait miroiter les richesses (très bien) cachées du cinéma de genre, ses implicites...

le 30 janv. 2016

67 j'aime

22

The Visit
JimBo_Lebowski
5

Réveil à coups de gros sabots

Tout le monde attendait ce nouveau film de M. Night Shyamalan comme une sorte de retour aux sources après une brutale descente aux enfers cinématographiques datant d’à peu près 10 ans (post Le...

le 1 oct. 2015

54 j'aime

9

The Visit
Antofisherb
7

Into the Night

A force d'être un cinéaste inégal, on ne sait plus par quel bout prendre ce cher monsieur Night Shyamalan (et non, à toutes les mauvaises langues qui liront cette critique, son nom n'est pas...

le 18 oct. 2015

48 j'aime

16

Du même critique

Harry Potter et les reliques de la mort - 1ère partie
AlexLoos
8

Critique de Harry Potter et les reliques de la mort - 1ère partie par AlexLoos

Harry Potter n'est pas qu'une simple série de films. A l'instar de la trilogie originale de Star Wars ou du Seigneur des anneaux, Harry Potter est avant tout la saga de toute une génération. Combien...

le 15 nov. 2010

67 j'aime

24

Toy Story
AlexLoos
10

Critique de Toy Story par AlexLoos

Remettons les choses en ordre. En 1995, c'était l'époque de GoldenEye, Une Journée en Enfer, Stargate ou Apollo 13. Un certain John Lasseter arrive alors avec un projet assez fou, celui de créer un...

le 2 mai 2010

49 j'aime

2

Rango
AlexLoos
7

Take this Dreamworks

Dans le monde de l'animation on observe généralement deux catégories : Pixar et Dreamworks. Alors que l'un en impose chaque année avec ses films, l'autre au contraire continue de creuser le trou...

le 28 févr. 2011

46 j'aime

20