Un professeur universitaire qui étudie le folklore est contacté par un paysan affirmant que les créatures d’un conte existent bel et bien. Il fournit même des photographies inquiétantes par l’intermédiaire de son fils. Bien décidé à prouver la supercherie, le chercheur se rend dans le Vermont. Mais, là-bas, ses rencontres lui démontreront une vérité insoutenable.


Les adaptations réussies de l’œuvre de Lovecraft au cinéma sont très peu nombreuses. D’habitude, elles se limitent à une horde de navets qui se pressent devant le box office sans jamais parvenir à le franchir, un peu comme les Grands Anciens de l’auteur, ces œuvres étant toutes plus horribles les unes que les autres. Ici, le film est réalisé par des rôlistes adeptes de grandeurs natures (si vous ne comprenez pas ces termes, c’est signe de bonne santé mentale) dédiés à la mythologie de Lovecraft. Du coup, la fidélité au monde est irréprochable. Pourtant, le réalisateur s’est permis une extension de la nouvelle en ajoutant une confrontation directe avec les cultistes et les Mi-go. Bien que non nécessaire et un peu naïve, la tentation de créer cette partie était irrésistible pour des rôlistes. En effet, une caractéristique dans l’oeuvre de Lovecraft est la passivité, sinon la lâcheté, de ses héros et de nombreux rôlistes rêvent de bouter Profonds et autres Shantaks hors de notre monde.


Le réalisateur a pris le parti de filmer son œuvre à la mode des années 60. Noir et blanc, jeu outrancier, réactions émotionnelles excessives face à des comportement incivils et, bien sûr, des violons stridents qui infectent n’importe quelle scène banale avec une angoisse paranoïaque. Ce choix est intelligent, car il permet de retranscrire exactement l’ambiance des œuvres de Lovecraft : désinvolte au début, sérieuse pendant l’enquête puis terrifiante face à l’indicible. Et c’est d’ailleurs ce qui fait l’efficacité de ses nouvelles (et du film qui reprend le principe). Rien n’est montré. On parle, on suppose, on entraperçoit, mais rien n’est clairement défini. Le réalisateur se régale d’ailleurs à divulguer des images de ses créatures pendant une fraction de seconde au détour d’un plan. C’est pourquoi la fin est, à mon goût, excessive car trop exhibitionniste.


Le travail sur la lumière et les contrastes est tout à fait pertinent, avec par exemple les éclats de lumière sur les lunettes mouillées du héros qui permettent de le situer dans le noir. L’essentiel du film est en clair obscur, les visages sont savamment surexposés pour en tirer toutes les émotions. Enfin, les éclairages sont ouatés de fumée comme à l’époque. Du grand art.


Du coup, le film ravira ceux qui (comme moi) ont connu the Twilight zone, les premiers épisodes de star trek et autres Village des damnés. Pour les plus jeunes, cela donne un aperçu du talent à une époque dépourvue d’ordinateur. Les amateurs de Lovecraft seront comblés et pour ceux qui ne connaissent pas cet écrivain, c’est une bonne approche de son œuvre.


OeilDePatrick
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le 3 juin 2023

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