Je commencerais mon commentaire par la fin du film, et plus précisément au générique qui nous annonce que les situations décrites dans le film, ainsi que certains dialogues, sont tirés d'écrits de l'époque à laquelle se déroule le film.


La description de cette famille dévote d'émigrés anglais dans la nouvelle Angleterre du 17ème siècle respire l'authenticité...cette famille qui décide de quitter la communauté s'en remet à Dieu en menant sa propre existence, avec comme prétexte de départ un désaccord avec les autorités de la dite communauté.


Or, il est amusant de constater à quelle point cette idée de désaccord articule le film, et particulièrement cette opposition entre réalité et croyances, réalité d'une nature pas toujours bienveillante et croyance en une force miséricordieuse qui fera accéder chacun à la félicité à l'issue d'un certain nombre d'épreuves.


Nous sommes donc là dans un pur récit initiatique dans lequel les colons Européens amènent avec eux leur foi religieuse ainsi que les superstitions qui en sont le pendant négatif et dont le filtre propose une imagerie fantasmée d'une réalité âpre dans laquelle cette famille tente de s'imposer sur une terre sauvage et étrangère qu'elle voudrait bien s'approprier …


C'est donc la peur et l'appréhension qui guide l'évolution de nos personnages et engendre leur folie.


De récit initiatique ; il en est également avec le personnage de Thomasin, fille aînée de la famille dont le pouvoir d'attraction provoqué par les courbes naissantes auprès de la gente féminine est assimilé à un acte de sorcellerie.


Comme dans l'exorciste et son adolescente aux humeurs changeante, le fantastique n'est ici que prétexte à mettre en image les désirs d'une jeune fille qui devient femme et à laquelle la misérable situation offerte par ses parents ne convient pas. C'est aussi l'imagerie du fantastique qui sert à illustrer ses désirs contradictoires et exacerbés, désirs de vie à travers l'allaitement, et désir de mort, fruit d'une frustration trop longtemps contenue.


L'esthétique du film est bluffant, et rarement la forêt n'aura été aussi vivante. Toutefois, même si certains passages issus de fantasmes sont très réussis, le réalisateur peine parfois à trouver un équilibre entre les genres et se perd in fine dans le fantastique de pacotille en voulant trop en montrer (ou faire entendre). Du coup, le sentiment de doute, ce sur quoi est basé le genre, est balayé par la volonté de vouloir donner des explications là où l'imagination du spectateur se serait emballée à justement ne pas en avoir !

gin
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Démons et sorcières... et Dans les bois, personne ne vous entend crier !!!

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le 27 juin 2016

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gin

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