Belle surprise que ce film d'exploitation oublié typique des années 70s, parfois un peu brouillon mais dont le charme désuet propre à cette époque fait encore mouche auprès d'un public nostalgique ou curieux.
L'affiche du film (ainsi que son titre), certes très belle, est complètement mensongère car elle nous prépare à la vision d'un film d'héroïc-Fantasy, or il n'est nullement ici question ni de magie ni même de fantastique. Il s'agit plutôt d'un thriller psychologique torturé du genre "Répulsion" ou "Soeurs de Sang".
Le scénario est écrit par Robert Thorn, co-scénariste du mythique Death Race 2000 et de quelques autres productions Corman fin 60's/début 70's.
Loin, très loin des stéréotypes du genre, envoûtant et désespéré, The Witch who came from the Sea nous entraine aux abords de Santa Monica, vers une côte Ouest avec son front de mer grisâtre, sa station balnéaire hors saison, presque déserte, ses bars sans joie.
Le film est assez lent, un peu bavard, les scènes de meurtres mêlent sexe et violence, quelques flashbacks de viols pédophiles mettent fort mal à l'aise.
La mise en scène est pro et soignée mais ce qui fait la véritable force de The Witch... , c'est la prestation de Millie Perkins, habitée par son personnage de Molly, une serveuse fragile, instable, nerveuse et sans repères. Lorsqu'elle commence a avoir des sentiments pour un homme, les images enfouies d'un père violent et incestueux lui reviennent en mémoire, et le carnage commence...
Même s'il s'agit d'une meurtrière complètement allumée, on ressent beaucoup d'empathie pour cette pauvre fille qui n'a jamais accepté de regarder l'abominable vérité en face et qui a enfoui au plus profond de son psyché ces douloureux évènements du passé. Pire, elle s'est inventé un père idyllique qu'elle décrit à ses neveux comme un marin aventurier, père absent mais aimant. Ces inventions donnent d'ailleurs droit à des discussions animées avec sa soeur qui refuse de travestir la vérité aux enfants, même si la vision réaliste des choses est sordide et douloureuse. Sa schizophrénie s'aggrave par sa consommation de psychotropes, à tel point qu'elle ne parvient plus à faire la différence entre le réel et le fantasmé, certains personnages de sa télévision s'adressant à elle directement. Ces moments psychologiques sont des moments forts et intelligents; ils apportent une touche très originale pour un film d'exploitation qui comporte sa part de scènes dénudées et violentes.
Nulle autre actrice que Millie Perkins n’aurait pu illustrer de cette manière un tel portrait de l’abîme. Elle y est fabuleuse, jusque dans un final saisissant.

daniellebelge
7
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le 2 sept. 2016

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