Un film qui évite les embuches

Je dois avouer que j’avais quelques craintes avant de me rendre en salle pour The Woman King. La première étant bien évidemment politique, à l’heure où le Cinéma se donne le rôle de critiquer et montrer des choses peu appréciables. Dans un contexte tendu, où la cause noire est encore d’actualité aux USA, c’est aussi la crainte de voir le féminisme et le wokisme s’approprier des films pour mieux massacrer les belles idées. Parce que bien trop souvent, on voit des films qui à trop vouloir dénoncer des faits, se retrouvent finalement à ne pas faire avancer les causes ou à les ralentir par de mauvais longs métrages.

Cela étant dit, The Woman King réussit haut la main sa proposition d’un film d’aventure / action dans une Afrique authentique. Et le voyage a valu le coup.

J’avais également la crainte de voir une actrice en perdition dans un rôle forcé. C’est bien mal connaître Viola Davis qui écrase tout le monde par un charisme incroyable.

Le film est une régalade, comme une raclette dans laquelle on enchaîne les tranches de fromage sans compter les calories. Parce qu’il se passe un tas de choses. Ça va parfois vite, les séquences s’enchaînent, sont parfois hâchées, mais jamais on ne s’ennuie tant c’est bien fait, et cette histoire donne envie d’aller au bout. Tout ou presque est abordé. C’est un condensé d’une époque tribale passionnante, donnant ses lettres de noblesses à une Afrique asservie. On est parfois dans le thème d’un Black Panther, les séquences spectaculaires en plus, mais les effets spéciaux foireux en moins. Bien sûr, l’antagoniste du film ne se hisse pas au niveau de Michael B. Jordan, mais le casting est solide et plaisant. John Boyega en roi est cool, tout comme les nombreux rôles féminins, tous agréables.

On a donc avec The Woman King, un bon blockbuster, qui ne va jamais dans la surenchère, la surexplication ou la politisation de son propos. Il y a quelques répliques ou sous-entendus, mais il en reste là et c’est bien assez. C’est une aventure puissante, classieuse et parfois crasseuse. Ça dégouline d’idées et de propositions, tout en enfonçant des portes ouvertes en appliquant les codes des grosses productions américaines, le mauvais goût en moins. Moi perso j’adore les films qui se donnent les moyens d’être épiques et qui ne vont pas faire de l’humour lourd pas drôle, s’en mettre de violons quand c’est triste etc. On a une espèce de mélange entre Wonder Woman et Black Panther et ça marche ! On va regretter que certains personnages ne soient pas plus développés comme le Roi, le négrier ou même le brésilien qui se contente d’être un love interest sans grand intérêt (bien que le film accorde finalement peu d’importance à cette histoire).

La bande originale, les décors et les costumes se hissent également au niveau. On aurait pu avoir plus de démesure sur certaines séquences notamment dans le royaume, les lieux sont finalement peu nombreux pour plus de deux heures de film. Mais peu importe, c’est beau, prenant et bien foutu. J’ai peu vu les trucages visuels, et c’est impressionnant pour ce genre de production moyenne. J’insiste sur la musique de très bonne qualité, qui donne au film un supplément d’âme appréciable.

Un rendez-vous à ne pas manquer.

8/10.