Un remix du Petit Chaperon Rouge dans lequel Nicole Kasselle propose une théorie intéressante selon laquelle le loup est le bûcheron. C'est ce sur quoi joue le film : entre bien et mal, entre la pitié voir la compassion que peut éprouver le spectateur face au personnage de Walter, et sa raison qui lui dit que ce dernier est un monstre inhumain capable du pire des crimes ; mais alors que penser ? C'est justement là un film qui fait réfléchir sans chercher les complications bien souvent hors de portées du public, qui l'aurait en outre rendu fade et froid, j'irai même jusqu'à dire que malgré cette réflexion à laquelle il nous amène, il a un coté quelque peu enfantin proche de ce qu'on appelle en littérature un apologue : il a une face avec un récit facile et fluide à la portée de chacun, mais, il cache une "morale" plus profonde. Alors que propose-t-il ?
L'acceptation d'un récidiviste pédophile dans la société ainsi que dans sa famille, mais surtout l'acceptation de lui même, c'est à dire qui il est, ce qu'il a fait, ses limites et par conséquent, ses pulsions qu'il doit à la fois maîtriser et comprendre, mais pour cela il se teste inconsciemment. On remarque assez vite qu'il agit comme un enfant évoluant au milieu d'adultes ne le comprenant pas et le rejetant tel un vilain petit canard (à l'exception de Vickie). C'est alors que se révèle un loup sans défense face aux jugements d'autrui et face à lui même, c'est ce qui d'ailleurs fait sa force, Kevin Bacon manipule parfaitement bien un personnage en même temps attachant et parfois vide et froid mais ce qui fait que l'on parvient à garder le contact c'est que l'on est constamment dans sa tête. Néanmoins il arrive fréquemment qu'il nous échappe mais lors de ces passages lui même se sent étranger à sa propre personne comme s'il cherchait à se définir : (Walter à Vickie) "-pourquoi tu reste ? -Je vois quelque chose en toi, quelque chose de bon... Toi tu ne le vois pas encore mais moi oui." Ce "quelque chose de bon" nous le percevons et c'est sûrement de là que provient notre empathie pour lui.

En ce qui concerne le décors, le metteur en scène propose des lieux ternes et monotones aux tons bleus grisonnants qui créent une atmosphère pesante et mystérieuse accentuée par une bande son composée de musiques restant toujours dans le même style : douce et intrigante, bien qu'elle soit assez rare elle offre quelque fois des morceaux un peu plus gais, et c'est alors un soulagement général.

Ainsi c'est un plaisir que de voir un film largement réussi sans pour autant qu'il relève du domaine de la grosse production Hollywoodienne avec la seule vision manichéenne qui impose une conclusion du bien qui triomphe sur le mal. Une scénario intelligemment réalisé touchant un phénomène difficilement abordable et peu commun, que le réalisateur a su cependant mettre en valeur tout en le maintenant hors du glauque (ce qui au passage vu le sujet choisit n'était pas des plus aisé) grâce notamment à un jeu d'acteur excellent se plaçant dans un juste milieu entre étrange et attachant. Toutefois il demeure quelque peu lent mais n'en est pas moins figé. Un long métrage calme et interpellant que je recommande notamment à ceux qui apprécient ce genre !
(désolé pour les fautes)
arsouille
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 16 juin 2014

Critique lue 506 fois

2 j'aime

arsouille

Écrit par

Critique lue 506 fois

2

D'autres avis sur The Woodsman

The Woodsman
Truman-
7

Critique de The Woodsman par Truman-

The Woodsman aborde le sujet très difficile qu'est la pédophilie avec intelligence et subtilité, subtilité car jamais le film ne vous pousse a choisir si Kevin Bacon est un monstre ou un homme bon ...

le 1 déc. 2013

10 j'aime

The Woodsman
Voracinéphile
8

Critique de The Woodsman par Voracinéphile

La pédophilie est, avec le viol, l’un des délits les plus délicats à mettre en image au cinéma, et il est alors encore plus difficile de décrire le personnage du pédophile. Dans la culture populaire,...

le 13 oct. 2013

7 j'aime

The Woodsman
limma
7

Critique de The Woodsman par limma

Nicole Kassell, qui signe ici son premier film, co-écrit avec Steven Fechter (auteur de la pièce de théâtre du même nom), nous ballade intelligemment, à la façon d'un thriller, sur un sujet...

le 18 janv. 2017

6 j'aime

Du même critique

Divergente
arsouille
6

Critique de Divergente par arsouille

Une façon un peu enfantine et directe de voir la société et sa composition... Une société organique dans laquelle coexiste une critique quant à l'acceptation des divergents. Ceux-ci représentent une...

le 28 avr. 2014

3 j'aime

2

The Woodsman
arsouille
8

A la fois Loup et Bûcheron

Un remix du Petit Chaperon Rouge dans lequel Nicole Kasselle propose une théorie intéressante selon laquelle le loup est le bûcheron. C'est ce sur quoi joue le film : entre bien et mal, entre la...

le 16 juin 2014

2 j'aime

La Famille Bélier
arsouille
5

J'étouffe !

Bon, je tiens d'abord à souligner que je ne suis pas allée voir ce film de mon plein gré, ensuite une fois sur place n'ayant pas visionné la bande annonce je me renseigne tout de même sûr l'histoire...

le 6 janv. 2015

1 j'aime