Thelma a quitté le foyer de ses parents très croyants pour une université d'Oslo. C'est une jeune fille ravissante mais timide et réservée. Elle tombe pourtant sous le charme d'Anja, une étudiante qui fréquente les mêmes cours - et la même piscine - qu'elle.
Attention SPOILERS.
Thelma est le dernier film de Joachim Trier (Oslo 31 août...). Cette fois, le réalisateur s'essaie au fantastique, incorporant dans son drame des éléments surnaturels.
Thelma est un film étrange et intriguant. On suit longtemps le chemin de Thelma dans l'univers de la faculté où elle croise des étudiants athées qui boivent et fument des joints. Tout cet univers de liberté lui est étranger et lui donne des vertiges, elle qui a reçu une éducation des plus conservatrices et que ses parents surveillent toujours à distance comme du lait sur le feu.
La jeune fille va pourtant glisser vers la tentation et le stupre, "craquant" bien malgré elle pour Anja, une autre étudiante qui partage son attirance.
C'est alors que des évènements extraordinaires se produisent: des oiseaux viennent s'écraser contre les vitres de la faculté, Anja fait des crises psychogènes et lévite, elle rêve de serpents et de corps qui s'étreignent.
La deuxième partie du film est plus inquiétante et bascule dans l'irrationnel. On découvre que Thelma a été soignée par de puissants neuroleptiques quant elle était enfant. Son petit frère s'est volatilisé.
Elle serait la dernière héritière d'une malédiction familiale qui lui donne des pouvoirs terrifiants qu'elle ne contrôle pas...les mêmes pouvoirs qu'à sa grand mère qui "croupit" en hopital psychatrique.
Si le film est traité bien différemment, l'histoire de Thelma rappelle les intrigues de Carrie au Bal du diable (Brian de Palma) coté fantastique et de Chromosome 3 (David Cronenberg) pour les manifestations de la névrose.
Au final, le film est plutôt réussi même s'il est un peu long. Balançant entre le drame et le genre fantastique, Thelma nous renvoie au poids de la religion et de l'éducation, aux névroses et à leurs conséquences ainsi qu'aux mensonges de familles bien dissimulés sous le tapis. Tout cela se confond dans la quête du moi de Thelma.
Si le film privilégie la dimension psychologique, les évènements irrationnels et dramatiques qui se déroulent, à cause de la jeune fille, demeurent sans explication et sans suite. La malédiction de Thelma renvoie à toutes les thématiques de sorcellerie et d'hystérie qui ont traversé les âges.
J'ai trouvé la fin du film "hors sol". On y voit Thelma se débarrasser de son père, remettre sa mère paraplégique sur pieds et repartir, apaisée, à l'université retrouver Anja qu'elle avait fait disparaître précédemment.
L'atout principal de cette étrange histoire demeure Heili Harboe, d'une beauté magnétique et troublante, héroine tragique dépassée par des pouvoirs qu'elle ne contrôle pas. La jeune actrice incarne parfaitement ce schisme entre pudibonderie, éveil au désir et quête de soi.