Quelle beauté ! Le paysage enneigé de lacs et de forêts est somptueux. Une fillette accompagne son père à la chasse. Est-ce certain ? Méfions nous des apparences... Cette nature froide et pure contraste - un peu plus tard - avec la tristesse d'une place d'Oslo, où se croisent des individus anonymes, électrons erratiques d'un champ magnétique.


Élevée dans un christianisme austère, Thelma s'installe à Oslo comme étudiante en biologie. Mais sa vie se détraque. Des oiseaux se rassemblent au-dessus d'elle, pris de folie, quand une crise nerveuse la terrasse. Les médecins s'interrogent. Malgré les apparences, elle ne souffre pas d'épilepsie. Allongée, Thelma entre dans les anneaux de l' I.R.M. comme dans un sarcophage égyptien. La science ne serait-elle qu'une religion de la technique ?


Thelma se rapproche d'une étudiante en chimie. Des visions de cauchemars pullulent : un serpent glisse dans l'herbe, des corbeaux croassent. Avec Anja, Thelma viole ses interdits religieux : alcool, fumette, désir homosexuel. Son verre de lait éclate et le lait est souillé de gouttes de sang. Le serpent s'engouffre dans sa bouche... Le désir amoureux fait jaillir les traumatismes enfouis dans l'inconscient. Des retours à son enfance nous mettent sur une piste déroutante, où les névroses familiales pèsent lourd. Depuis l'enfance, Thelma possède des pouvoirs de manipulation redoutables. Ses parents la craignent.


Thelma serait-elle une sorcière ? Ainsi nommait-on jadis les femmes aux pouvoirs inquiétants. À un étudiant athée, fier de sa raison, Thelma réplique : "Comment marche ton téléphone ?" Embarras de l'étudiant, incapable de répondre. Nous utilisons la technologie sans la comprendre, comme les fidèles d'une Église universelle... Le film de Joaquim TRIER balance entre le monde rationnel de la science et un fantastique truffé de symboles (parfois pesants). En Norvège, on ne brûle plus les sorcières. L'histoire semble bien se terminer pour Thelma. Du moins en apparence ! Si le meurtre la démange encore, l'hôpital psychiatrique la guette...

lionelbonhouvrier
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le 16 nov. 2017

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