The Women Dream

J'ai du mal à cerner ce qui m'a déplu dans ce film, parce que c'est un bon film ! Celui ci propose un tableau très complet et acerbe de la condition de la femme à cette époque, mais aussi d'une société qui les aliène à un mode de vie monotone et dénué de sens, sous fond d'une Amérique patriarcale.

Déjà, j'ai regardé le film en français faute de version anglaise, je vais essayer de ne pas en tenir compte dans mon jugement mais BORDEL, ça pique les oreilles (d'ailleurs comme dans tous les films doublés, mais la plus particulièrement encore).
Dans un deuxième temps l'intrigue : C'est l'histoire de deux femmes au parcours classique qui décident d'échapper pour un weekend à une vie qui les étouffe. Elles vont rentrer malgré elles dans un cercle vicieux de violence, après un tragique accident qui va les pousser à tuer un homme et prendre la fuite. Va suivre sous nos yeux la progressive émancipation de Thelma et Louise rejetant peu à peu les codes imposés par la société. A priori ça commence bien, d'ailleurs c'est bien pour ça que ce film a reçu l'Oscar du meilleur scénario en 1991. Rien que pour ça, ça vaut le coup d'oeil.

Ensuite du côté de l'interprétation, Geena Davis et Susan Sarandon assurent ! Geena qui joue le rôle de Thelma est particulièrement convaincante dans son évolution. La relation qu'entretiennent les deux femmes est très touchante et met à jour une puissante complémentarité. Celle-ci nous fait comprendre que ce n'est qu'ensemble qu'elles sont capables d'affronter le monde. Je mettrais un bémol sur leur relation avec les autres personnages du film, notamment avec celui joué par Brad Pitt qui manque à mon goût cruellement d'intérêt, sans permettre ni s'opposer à leur émancipation. Harvey Keitel aurait mérité d'être mis plus en avant, par exemple à travers la relation qu'il entretient avec Louise. Elle aurait permis, si elle avait été plus présente, une meilleure prise de distance et de réflexion sur l'action. L'interprétation générale manque de profondeur, passant d'un extrême à l'autre, tout en restant finalement à la surface.
J'aurais aimé que les deux femmes fassent des rencontrent dans leurs voyages initiatiques, rencontres qui auraient pu marquer qu'un autre mode vie est possible, car en soi le film est très pessimiste sur les possibilités de changement qui ne passeraient par la criminalité ou la marginalité.

Finalement, j'ai apprécié l'esthétique générale du film, notamment la manière d'exploiter l'espace au maximum en laissant des détails apporter une dimension particulière à la narration. Le rythme du film m'a peut être un peu gêné comme si chaque chapitre marquait trop brutalement l'évolution des deux femmes et laissait trop entrevoir le prochain. A travers leur meurtre, elles tuent l'image puissante de l'homme, elles tuent le père. En s'affranchissant des règles de la société, elles s'affranchissent aussi de l'image de "femme" qu'elle renvoient. Au final leurs parcours est une quête de liberté, liberté d'être femme, mais aussi liberté d'être simplement un être humain libre de ses choix dans une société superficielle, matérialiste, qui aliène à un mode de vie conventionnel.