Avec Thor Ragnarok, c’est peu de dire que Taika Waititi et les studios Marvel ont voulu faire table rase du passé. Exit la toute-puissance d’Odin, la romance avec Jane Foster (le désamour notoire de son interprète Natalie Portman pour Marvel y est peut-être pour quelque chose), et même la Terre, reléguée à une scène mineure dans le film. Le troisième opus de la trilogie Thor rejoint les contrées de la galaxie et revient chez Thor, à Asgard, en prise avec la déesse de la Mort, Hela (Cate Blanchett), prête à tout pour accomplir le Ragnarök (la fin du monde de la mythologie nordique). Mais avant d’y mettre fin, Thor doit s’échapper d’une planète où il est retenu prisonnier en affrontant un gladiateur impitoyable : son ancien allié, Hulk.
Les transformations vont aussi avec un changement de ton notoire dans la série : Thor Ragnarok fait le choix de se tourner vers l’humour qui a fait ses preuves il y a peu dans les Gardiens de la Galaxie (2014, 2017) et offre ainsi au personnage un ton plus léger et moins grandiloquent que dans les premiers films. Visuellement coloré, pop à souhait, le film de Taika Waititi s’inspire grandement dans son fonctionnement des buddy movie qui ont fait florès dans les années 80 et 90. Les seconds rôles y sont pour quelques choses et leurs dialogues avec Chris Hemsworth (par ailleurs très à l’aise dans le rôle du loser d’un jour, dénué de pouvoir sans son marteau, à l’humour insolent) font souvent mouche : le frère ennemi juré, Loki (Tom Hiddleston) est devenu à Thor ce que Severus Rogue est à Harry Potter, un mauvais gentil, où l’inverse. Il y a aussi ce duo avec Hulk/Bruce Banner (Mark Ruffalo), prisonnier du Grand Maître (l’excellent Jeff Goldblum) sur une planète où seul comptent les combats de gladiateurs de l’espace.
Mais au-delà de ces changements majeurs (et positifs, admettons-le), Thor Ragnarok ne parvient pas, à l’inverse des Gardiens de la Galaxie, son modèle, à renouveler complètement le genre et retombe vite dans les travers des films Marvel. Travers qui au bout de 17 films, commencent à se faire plus pesants : une intrigue bien terne, des enjeux scénaristiques mis de côté et/ou sous-exploités (ici, l’héritage familial, le deuil, l’identité et la destruction des origines). De quoi légitimement se poser la question de l’avenir à court terme de la poule aux œufs d’or Marvel, matraquée par Disney depuis presque dix ans.