C'est la plus vieille histoire du monde, un garçon rencontre une fille. Mais tout le propos du film est justement de montrer comment cette rencontre va se jouer différemment selon le contexte historique dans lequel elle a lieu. Que le garçon et la fille se rencontrent en 1966, en 1911 ou en 2005, et rien ne sera pareil.

A une chose près. Ce qui ne change pas quelle que soit l'époque, c'est la propension à passer à côté, à rater sa chance, à ne pas prendre le risque du bonheur. Ce geste tout simple, passer ses doigts dans ceux de l'autre, un seul couple sur les trois y parvient, et ce sera parce que le garçon a, pour une fois, forcé le destin. Ce n'est pas une coïncidence si le seul happy end arrive à la fin de l'épisode de 1966, période qui correspond à la jeunesse du réalisateur, et qu'il se remémore avec une évidente nostalgie.

Aucune nostalgie par contre pour l'épisode de 1911, intitulé avec une ironie cruelle "Le temps de la liberté". Quelle liberté? Taiwan, où se déroule l'histoire, a été annexé par le Japon; et la jeune fille est une courtisane de luxe, liée par contrat à une maison close qu'elle ne pourra quitter que si un client l'achète. Le garçon est ici un journaliste plein d'idéalisme, mais trop velléitaire pour répondre aux attentes muettes de la belle. Il pourrait s'il le voulait faire d'elle sa deuxième épouse, mais sait-il ce qu'il veut?

Et en 2005? Ce n'est guère mieux. Le carcan des conventions a été remplacé par une anomie stérile. Plus rien n'empêche le garçon et la fille de s'aimer. De fait, dès leur rencontre, les voici qui se jettent l'un sur l'autre et se déshabillent mutuellement. Mais dans cette société saturée de moyens de communication électroniques, il est plus difficile que jamais de comprendre l'autre. La fille est une chanteuse bisexuelle, elle couche avec le garçon tout en maintenant sans conviction une vie de couple avec sa copine. Désenchantement généralisé d'une jeunesse qui n'a plus aucun obstacle a surmonter et ne s'en trouve pas plus heureuse.
CaoCao
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le 13 févr. 2011

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