See me wrestling an alligator? Help the alligator

Habituellement peu friand des films d'auteurs qui manquent parfois cruellement de subtilité dans leurs volonté de vous arracher une larmichette, Thunder Road fait office de petite bombe.

Cette odyssée de la loose raconte l'histoire d'un policier nommé Jimmy Arnaud dont la mère décède, et qui va complètement partir en roue libre face à l'enchaînement d'emmerdes qui lui tomberont dessus par la suite.

La qualité du film est en lien étroit avec son contexte: premier long-métrage de Jim Cummings, qui porte ici la casquette de réalisateur, scénariste et acteur. Le film étonne par sa maîtrise constante, que ce soit sa technique, son jeu d'acteur ou encore cette ambiguïté permanente qui joue entre gêne et humour.

La réalisation est d'une sobriété efficace, à l'image du montage qui laisse le temps aux émotions de fleurir, aux scènes de respirer et de nous irradier de toute l'ambiguïté qui règne en maître sur le film: rire ou pleurer?
Une ambiguïté qui trouve sa juste place grâce au sujet abordé: la sensibilité d'un homme d'aujourd'hui, un sujet bien peu abordé dans le cinéma de nos jours, et qui trouve une résonance toute particulière chez les spectateurs qui s'identifient au héros malgré sa loufoquerie et son manque de bon sens.

Car tout le monde ou presque est confronté à la mort de sa mère un jour ou l'autre. Tout le monde ou presque connait le divorce, les relations familiales tendus, le quotidien merdique, la difficulté a communiquer avec ses enfants, les traumas silencieux dont sont victimes policiers et militaires, de près ou de loin, et j'en passe. Thunder Road synthétise tout cela d'une belle manière, et apaise même ses propos par le ridicule du protagoniste.

Thunder Road est un petit film, mais un beau film qui s'adresse à tout le monde.