Johnny can't decide... et moi non plus

Difficile de mettre une note à ce film qui n'est pas exempt de défauts - soulignés dans beaucoup de critiques ici - citons entre autres une réalisation un peu sage qui contraste avec l'énergie d'Andrew Garfield, la faible profondeur et évolution des personnages secondaires, ou encore le portrait très élogieux de notre protagoniste (mais faut-il les démons d'un Johnny Cash ou d'un Ray Charles pour mériter un biopic ?).

Malgré tout, et alors que je l'avais initialement mis "en fond", pensant faire d'autres choses en même temps, ce film a capté mon attention à partir de la chanson Johnny can't decide. Je me suis surprise à mettre en pause le film pour repasser cette séquence, parce que j'ai eu un coup de coeur pour la mélodie, parce que ce thème d'incertitude me parle beaucoup, et pour l'interprétation sensible de ce trio d'artistes (ah, ces harmonies ! <3)
J'ai retrouvé cette même émotion lors de la séquence finale avec la chanson Louder than words, interprétée par le même trio, dont un Andrew Garfield électrique qui nous laisse deviner qu'il est désormais loin des doutes de Johnny can't decide. L'artiste a muri, et à travers ces deux séquences qui encadrent le film, on le voit évoluer d'une posture d'introspection personnelle (parlant de lui à la 3ème personne, véritable personnage de roman) à un questionnement collectif, voire une interpellation de la société (what does it take to wake up a generation?).

Je ne sais pas si je reverrai ce film un jour, je doute qu'il reste dans les mémoires comme un grand biopic, je ne pense pas non plus qu'il m'ait démontré en quoi Jonathan Larson a changé le paysage des comédies musicales comme cela est affirmé en conclusion. Mais j'ai été touchée (et impressionnée) par l'interprétation d'Andrew Garfield (qui m'a convaincue au fil du long-métrage, au point de me donner envie de me replonger dans sa filmographie). J'ai été émue par Alexandra Shipp et Robin de Jesús - aussi peu fouillés les rôles de Susan et Matthew soient-ils. Je continuerai d'écouter l'interprétation de Johnny can't decide et Louder than words par Andrew, Vanessa Hudgens et Joshua Henry. Alors c'est tout de même difficile de mettre moins de 7/10 au long métrage qui abrite ces jolis moments, tout imparfait soit-il.