Un conte de fée sombre et magique

Tideland est, pour ma part, le meilleur film de Terry Gilliam après l'Armée des douze singes. Une fable magique et tragique à la fois. Une belle réussite.
Tideland nous entraîne dans un pays imaginaire qu'une petite fille, Jeliza-Rose, a créé pour échapper à la réalité. Car SA réalité est un monde bien cruel où sévissent la folie, la drogue, l'abandon et la mort de sa mère, puis de son père. Un conte de fées obscur et tragique certes, mais une oeuvre magnifique dans la même veine que le fabuleux Labyrinthe de Pan.
Tideland est une fable dont les petites filles sont les héroïnes. La morale de l'histoire s'adresse à notre âme d'enfant, à nos souvenirs enfouis, presque à notre inconscient. Et c'est tout cela qui fait la puissance du film : il nous touche en plein coeur, au plus profond, il nous remue à l'intérieur. On en sort bouleversé et nostalgique. On s'en souvient, longtemps après. Les images ambivalentes de Tideland nous mettent mal à l'aise et nous attirent tout à la fois et cette petite fille en manque d'amour nous émeut et nous inquiète.
Une rêverie cathartique :
La troublante Jodelle Ferland est excellente dans ce rôle et son visage reflète parfaitement la candeur de la jeunesse mêlée à la dureté des épreuves. Sa réaction n'a rien d'exceptionnelle car dans des situations difficiles, l'enfant se réinvente un monde, une vie. C'est une façon de se protéger et de survivre, et pour le personnage, de combler sa solitude avec des têtes de poupées.
Ces têtes sont d'ailleurs séparées de leurs corps, coupées de la réalité et la petite Jeliza-Rose est parfois très dure avec elles. A plusieurs reprises, elle sacrifie ses "amies-poupées" ce qui peut paraître cruel mais qui est en fait une façon d'extérioriser sa douleur. C'est très cathartique, libérateur.

La petite histoire :
Après la mort de sa mère (Jennifer Tilly, Bound, Coups de feu sur Brodway), décédée d'une overdose, Jeliza-Rose (Jodelle Ferland, The Tall Man, Twilight), une petite rêveuse et son vieux rocker de père (Jeff Bridges, The Big Lebowski) partent à la campagne, dans une vieille maison de famille. Mais à peine sont ils arrivés que le père lui aussi meurt de la même façon. Hors de la réalité, la petite s'évade dans des fantasmes où son père fait un voyage pendant qu'il "dort", où des têtes de poupées (sans corps) l'aident et la conseillent et où la nature est un vaste océan. Au cours d'une exploration, elle rencontre une "sorcière" en tenue d'apiculteur et son frère handicapé. Alors que le duo loufoque l'encourage dans ses délires, la petite parviendra-t-elle à trouver le chemin de la liberté et de la vie ?