S pour sensationnel, D pour drôle, F pour famille

Certains films sont très réalistes dans leur approche, tandis que d'autres choisissent de volontairement se défaire de la réalité... mais il existe une troisième catégorie qui ne s'embarrasse pas de ce genre de considération.
Pour ce dernier cas, le cinéma japonais est plutôt efficace !


SCENARIO:
A Tokyo, c'est la période de Noël. Trois SDF continuent de mener leur train-train quotidien comme à chaque année. Pourtant, en fouillant les poubelles, ils tombent sur quelque chose d'assez peu commun : un bébé abandonné ! A la fois émus et indignés, les trois clochards se mettent à la recherche des parents de cet enfant qu'ils rebaptisent Kiyoko, qui signifie "Espoir".
La prémisse de départ est prenante, on est immédiatement plongé dans cette histoire aux atours tragiques mais possédant une ambiance guillerette et familiale. Cette façon de traiter un sujet grave est une très bonne initiative.
Si on veut faire une comparaison avec le cinéma français et américain, on peut constater que nous autres occidentaux avons généralement une vision plutôt binaire des émotions : soit c'est triste, soit c'est drôle... Mais les japonais on compris que le plan émotionnel ne marche pas comme ça : certes l'abandon d'un enfant est grave, mais pourquoi simplement se contenter de l'aspect grave de la chose sans en retirer les bons moments que cet enfant va traverser ?
Beaucoup d'éléments de l'intrigue peuvent paraître bizarres et même invraisemblables... Les mauvaises langues diront que ces éléments enlèvent de la crédibilité au tout. Seulement voilà l'argument ultime qui justifie le côté étrange de cette histoire : ce film est un conte ! De ce fait on ne peut plus reprocher des facilités scénaristiques de "Tokyo Godfathers" puisqu'elles permettent au film d'avancer sans trop se prendre la tête !


VISUEL:
L'animation est dingue ! Elle est à la fois fluide et colorée.
On est vraiment en face d'un produit de qualité présentant bon nombre de dessins somptueux et de décors à couper le souffle.
Il est d'ailleurs intéressant de noter que l'animation n'est pas uniforme : à certains moments les personnages prennent des proportions grotesques et désarticulées pour souligner le dépassement de leurs émotions (à l'instar d'un manga donc).


ACTEURS:
Les personnages principaux sont aussi mémorables que différents les uns des autres ! A eux trois, ils font avancer le scénario, chacun à leur manière.
- Gin est le sans-abri par excellence : il est rustre, alcoolique, barbu, et il connait très bien la rue et ses dangers. Il est comme père de cette famille dysfonctionnelle. Il s'assure de qu'aucun danger n'arrive à lui ou aux autres, il est conscient des réalités et s'efforce de toujours garder les pieds sur Terre. Son histoire personnelle est à la fois touchante et dramatique.
- Hana est, selon ses dires, une femme née dans le corps d'un homme : il est efféminé à l'extrême et adore laisser libre-cour à ses émotions. Il représente la mère de ce petit groupe : il est gentil, compréhensif et beaucoup plus fort émotionnellement qu'il ne semble l'être. Sa détermination à toujours apporter le bonheur autour de lui en fait un personnage très appréciable.
- Miyuki est une sale gosse... mais une adorable sale gosse. Elle est un peu froide et antipathique au premier abord, mais lorsqu'on comprend son passé, on comprend également que ce n'est qu'une façade pour camoufler sa fragilité. Vous l'aurez compris, Miyuki est l'enfant capricieux de la famille.
Les autres personnages sont plutôt sympas mais pas aussi bien exploités qu'on aurait pu l'espérer...


DEFAUTS ? :
- Si Gin et Miyuki ont des histoires fortes, celle de Hana est un peu décevante... sans spoiler disons simplement la raison qui l'a amené à finir dans la rue n'est, selon moi, pas une raison suffisante !
- Certains détails de l'histoire auraient mérité un poil plus de profondeur.
- Il faut vraiment accepter le fait que ce film est un conte, et certaines coïncidences flagrantes sont à envisager.

Créée

le 17 janv. 2016

Critique lue 181 fois

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Cobi Cobb

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