Too Much !
7.5
Too Much !

Film de David Leland (1987)

Impulsive et excessive. Désenchantée et révoltée. Capricieuse et audacieuse.
C'est tout cela que Lynda, jeune Anglaise de 16 ans, est beaucoup trop. "Too much", comme on dit Outre-Manche. Evident titre-clé de ce film, qui la montre en totale rupture avec son époque. En fait, au regard des règles de conduite, tabous, préjugés propres à la société britannique des années 50, tout le comportement de la jeune fille n'est que provocation ! Par contrecoup, elle apparaît comme la très déconcertante victime d'un phénomène de rejet général.
Aux yeux de ses proches comme des gens de la rue, Lynda est l'adolescente pour qui le scandale est, hélas, devenue une seconde nature. "L'effrontée" so shocking, disant et faisant tout le contraire de ce que l'on attend, alors, d'une-jeune-fille-tout-à-fait-comme-il-faut. Puisqu'elle sévit en tous lieux, en toutes circonstances, cela donne, sur l'écran, une succession de situations étonnantes et encore plus détonantes. Il faut la voir carrément dynamiter le rythme de travail dans un dépôt de bus, prenant le dessus en montrant ses dessous à la cantonade ; et, un peu plus tard, l'ambiance archi-guindée d'un salon de thé.
Dès la 1re séquence est révélée, au propre comme au figuré, sa façon de tester ses charmes tout juste épanouis au mépris des bonnes moeurs. Soit, passer à vélo, robe retroussée jusqu'à la taille, devant des garçons s'empêtrant dans leur dérailleur visuel ! Plus que les grossiéretés et obscénités qui tonitrue son vocabulaire (avec des flashbacks éloquents !), c'est sa précocité sexuelle qui horrifie les adultes qui la côtoient. Mais ceux-ci sont dépeints, dans le même temps, de façon peu flatteuse, manifestement "coincés" sous le double signe de la pruderie hypocrite et de la peur du qu'en dira-t-on.
Personne finalement, pas même le psychiatre consulté en ultime recours, n'arrive à comprendre la raison profonde du comportement de Lynda. Le spectateur, témoin mi-amusé mi-peiné de ses éclats, frasques qui lui font gâcher sa jeune existence, peut risquer un diagnostic. Semble avant tout s'exprimer la déséquilibrante solitude d'une ado trop livrée à elle-même du fait d'une mère disparue trop tôt et d'un père la prenant en compte sans doute trop tard...
Le goût de la soeur cadette pour le scoutisme paramilitaire accentue leur climat familial peu pacifié.
Plus rassurant et même tout à fait convaincant, par contre, ce premier film genre chronique sociale qui illustre bien le tonique renouveau du cinéma anglais des années 80. Récit structuré, cadrages serrés, photographie sobre avec parfois un parti pris es-thé-tisant. Leland signe une oeuvre personnelle et cinématographiquement mature sur le thème - rabâché - de l'adolescence en crise.
Surtout, il y a Emily Llyod, qui incarne Lynda avec la fougue de sa propre jeunesse, imposant sa fraîcheur féminine gage d'explosion de fantasmes masculins et un tempérament d'actrice en pleine éclosion. Yes, very !

Ticket_007
8
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le 16 mai 2016

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