Total Remake

Ce qu'on attend d'un remake, c'est quoi ?
C'est toujours dommage de commencer une critique sur une question à laquelle on n'a pas la réponse, ça ruine un peu l'effet.
Reprenons.
Pourquoi faire un remake d'un film aussi bon, qui n'a absolument pas vieilli, qui reste parmi les très grands films de science-fiction ? Bonne question, je n'ai pas la réponse.
Reprenons.
Fallait-il faire un remake de ce chef d'oeuvre ? Non, évidemment.
Mais maintenant que ce remake a été fait, que peut-on en dire ?
D'abord que je ne sais pas si Farrell est un meilleur acteur que Schwarznegger. La phrase précédente est certifiée sans ironie. C'est le rôle qui veut ça, peut-être, mais si les punchlines du second ne sont pas forcément indispensable, leur absence totale chez le premier manque. Et surtout, on s'attend à ce qu'un personnage joué à Schwarznegger manque un peu de personnalité, on a un peu plus d'attente d'un autre acteur. Disons que pour le second, c'est une fonctionalité, pour le premier je me demande si ça n'est pas un bug... Bon, Farrell n'est pas mauvais non plus ; reprendre le costume d'Arnold n'est pas évident.
Par ailleurs, les autres protagonistes manquent tout autant de personnalité, en fait, sauf peut-être Cohaagen. Les femmes de Quaid sont en particulier franchement fade, et absolument pas à la hauteur de Sharon Stone ou Rachel Ticotin (à noter que voir des femmes en mode fil de fer ou presque se foutre sur la tronche, j'ai toujours un peu du mal à y croire...).
Sinon, c'est un remake, presque scène à scène pour les deux premiers tiers du film. Le décor change (j'y reviendrai, c'est très important), les dialogues aussi, mais les grandes scènes sont là. Du coup, la surprise est complètement nulle, le film ne cherche même pas à faire un twist ici ou là qui justifierait l'emploi d'un nouveau scénariste.
Côté scénario, au fait... Je ne sais pas pour vous, mais l'ascenseur qui passe par le noyau, c'est une très mauvaise idée, ma suspension volontaire d'incrédulité ne s'en remet absolument pas ; surtout quand la scène de gunfight en apesanteur, qui aurait pu justifier le film à elle seule et complètement gâchée. Pour en revenir à la Chute, quand le principal artifice scénaristique vous donne envie de jeter votre télécommande à la gueule du scénariste, c'est dommage. Au moins, la terraformation expresse de Mars avait-elle lieu dans les cinq dernières minutes de l'original, ne lui laissant donc pas le temps de ruiner le reste du film.
Bon. On pourrait croire en lisant cette critique que je me suis fait chier devant le film, ce qui n'est pas complètement vrai. Le plaisir de redécouvrir une variation autour d'un même thème est indéniable, et surtout, surtout, les décors.
On est en 2013 et on n'est pas encore capable de surpasser un obscur film de 1982 dont l'ambiance urbaine avait fait (et fait encore aujourd'hui) grande impression, mais on sent une volonté de dépeindre un futur vraiment noir, vraiment baroque, vraiment punk, et c'est bien fait. Les extérieurs de nuit sont vraiment sympa, heureusement que les personnages en avant plan ne nous intéressent finalement pas tant que ça pour nous permettre de les admirer.