Training day : une journée de corruption et de révélations

Un début lourd qui finit par captiver

Le film "Training Day" démarre sur un rythme pesant, presque oppressant, avec une immersion brutale dans le monde des narcotrafiquants et de la police de Los Angeles. Au début, on peut se sentir submergé par l'atmosphère lourde et les dialogues crus, mais c'est précisément cette intensité qui finit par accrocher le spectateur. Denzel Washington, dans le rôle d'Alonzo Harris, un flic chevronné, impose une présence magnétique qui transforme ce qui pourrait être un simple thriller en une expérience viscérale. Ethan Hawke, en jeune recrue idéaliste, complète parfaitement ce duo, rendant les premières scènes d'entraînement aussi tendues qu'intrigantes.

La bluffante illusion d'intégrité

Ce qui rend "Training Day" particulièrement bluffant, c'est la manière dont le personnage d'Alonzo est présenté au départ. On le perçoit comme un mentor dur mais intègre, imposant à son stagiaire une série d'épreuves extrêmes dans le but de le tester et de le former aux réalités impitoyables de la rue. Cette façade de justicier incorruptible trompe habilement le spectateur, qui s'attend à une histoire classique de passage à l'âge adulte. Mais au fil de la journée, les fissures apparaissent, révélant progressivement la vraie nature d'Alonzo : une "racaille" déguisée en badge, prête à tout pour ses intérêts personnels. Cette twist narratif est magistralement orchestré par le réalisateur Antoine Fuqua, avec un scénario de David Ayer qui joue sur nos attentes pour un impact maximal.

Le message clair : Le mal ne paye pas

Au cœur du film se trouve un message moral sans ambiguïté : le mal, sous toutes ses formes, finit par se retourner contre ceux qui le pratiquent. Alonzo, symbole de la corruption policière, voit son empire de mensonges et de violences s'effondrer en une spirale de conséquences inévitables. Cette thématique rappelle les classiques du genre, comme "Serpico" ou "The Departed", mais elle est ici traitée avec une urgence qui souligne l'inéluctabilité de la justice. Bien que didactique, ce propos résonne fortement, surtout dans un contexte où les abus de pouvoir font écho à des réalités sociétales. Le film nous laisse avec une réflexion amère sur la fine ligne entre le bien et le mal dans un système corrompu.

Une accumulation d'événements trop chargée pour une seule journée

Malgré ses qualités, "Training Day" pèche par excès dans son ambition narrative. Tout se déroule en une unique journée, ce qui entraîne une succession effrénée d'événements : poursuites, fusillades, trahisons et révélations s'enchaînent à un rythme qui frise l'invraisemblance. On a l'impression que les scénaristes ont voulu condenser une vie entière de drames en 24 heures, rendant l'ensemble un peu trop forcé. Cette densité peut fatiguer et diluer l'impact émotionnel, même si elle contribue à l'adrénaline globale. Un étalement sur plusieurs jours aurait peut-être permis une meilleure respiration, sans sacrifier la tension.

En conclusion, "Training Day" reste un thriller policier captivant, porté par des performances exceptionnelles et une intrigue surprenante. Malgré ses excès, il mérite d'être vu pour son exploration sans concessions de la corruption et de la rédemption. Note : 7/10.