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le 17 août 2025
Du cinoche rongé jusqu'à l'os
Film de casse a priori très classique, Trois Milliards d’un coup ne manque pourtant pas de singularité. D’abord parce qu’il a été tourné par Peter Yates et annonce, par certains aspects, le polar...
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Film de casse a priori très classique, Trois Milliards d’un coup ne manque pourtant pas de singularité. D’abord parce qu’il a été tourné par Peter Yates et annonce, par certains aspects, le polar urbain qui triomphera aux États-Unis dans les années 1970. Or Peter Yates est le réalisateur de Bullitt et a certainement été choisi par Philip D’Antonio et Steve McQueen après qu’ils aient vu ce film. Pourquoi ? Parce que le film s’ouvre sur un premier casse suivi d’une remarquable poursuite en voitures dans les rues de Londres. Peter Yates se signale aussitôt par sa mise en scène sèche d’une redoutable efficacité. La séquence, et tout le reste du long métrage, se signale par un profond réalisme. D’une sobriété confondante, le récit et les personnages, presque rongés à l’os, ne visent qu’à coller à la réalité. D’où cette impression de documentaire qui sera la marque du polar urbain américain. En attendant, ce film anglais propose une nouvelle grammaire cinématographique qui, par son influence, nécessite d’être vu.
La première partie est vraiment très bonne voire excellente. Le récit est soigné, les protagonistes présentés dans leur totalité ou presque (gangsters et policiers sur une même tonalité) et le projet du casse voit le jour dans un recrutement habile qui permet de multiplier les scènes au cœur de la ville (dans un stade de foot notamment). Si elle est exécutée avec un goût encore plus marqué pour le réalisme, la deuxième partie est bien moins captivante. Elle consiste en la réalisation du casse et aux moyens imaginés par les gangsters de s’enfuir avec l’argent, et au travail de la police pour les piéger. Tournée principalement sans dialogue et avec une musique qui semble inlassablement reprendre à son début, elle se révèle être plus fastidieuse à suivre. Dépourvu de tension (le plan se déroule sans accroc ou presque), dépourvu d’antagonisme (entre les gangsters), dépourvu d’enjeux particuliers, le récit tend à se déliter. La faute, certainement, à un éloignement des personnages qui récitent leur partition sans inspirer de sentiments particuliers de la part du spectateur, ce qui n’était absolument pas le cas durant la première heure.
Le résultat est donc très méticuleux mais on a progressivement le sentiment d’être mis de côté. Peter Yates donne l’impression de piétiner car son récit n’a plus de ressorts à offrir. Contrairement à Bullitt où il adoptera l’année suivante la même distance avec les événements, il ne peut s’appuyer ni sur des péripéties qui relancent le récit ni sur des personnages qui sont impactés par ces mêmes péripéties. De fait, le film finit par se suivre avec un ennui poli. Cela ne retire en rien les qualités de l’ensemble, notamment celles vues durant la première heure, et la justesse de l'interprétation.
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Créée
le 17 août 2025
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