Quatrième opus réalisé par John Glen, Tuer n'est pas Jouer est un film austère, mais très séduisant. Timothy Dalton incarne le nouveau James Bond, plus jeune et bien plus sombre que son prédécesseur Saint Moore.


L’esprit cartoonesque et humooresque s’estompe au profit des émotions. L’acteur est plus réaliste, sérieux, mais aussi très humain et empathique. Son interprétation demeure encore aujourd’hui la plus proche et la plus fidèle au personnage originel de Ian Flemming. Au niveau de son caractère et physiquement, un grand brun ténébreux aux yeux bleus et au regard intense.


Tuer n'est pas Jouer est un film sentimental. La tendresse, le respect, l’amour abyssale et l’intériorité Bondienne de Dalton vis à vis de sa partenaire, dans le film, n’existent quasiment plus dans un James Bond d’aujourd’hui, dans les relations sentimentales de l’espion : c’est un prédateur ambiguë, car nous ne savons pas vraiment qui il respecte, estime ou aime vraiment.


Le public des années 1980 habitué aux superproduction Rambo et Terminator, ou à l’allure légère, irrésistible et typiquement britannique de Roger Moore, a sans nul doute, très peu ressenti le jeu intelligent, sensible et intense de Timothy Dalton.
L’un des tout premiers plans dans la fameuse séquence d'introduction à Gibraltar, met en valeur le
regard de l’acteur : perçant, intriguant, terrifiant, magnifique, dangereux.


On se rappelle donc de ce slogan : Ce Bond est dangereux.
J'aimerais ajouter, un Bond flamboyant et d’une grande richesse. Car Tuer n'est pas Jouer n’est pas un Bond comme les autres. C’est un film d’une élégance rare. L'espion ne collectionne pas les James Bond Girl. Il est mélomane et se rends quatre fois à des concerts de musique classique, même si cela reste dans le cadre de sa mission. La mise en scène malgré des apparences très classique est particulièrement soignée et fine. On effleure la caricature sans jamais tombé dedans, l’humour est présent subtilement et on prend un réel plaisir à écouter la voix rauque et le léger accent gallois de l’acteur.


Dalton donne à son personnage une interprétation plus ténébreuse, profonde et sensible et soustrait du personnage un machisme exagéré et nous prépare au prochain opus, le très musclé Permis de Tuer.
Sa partenaire à l'écran Maryam d'Abo interprète un personnage à la présence discrète un peu effacé, mais son caractère très sentimental, joyeux et naïf, son innocence, donnent au film
et au duo, une toute autre allure, belle, sincère et inédite !


John Barry signe ici sa dernière (quel dommage) partition après 25 ans de service non secret et
11 bandes originales, toutes particulièrement raffinées et inspirées. Il apparaît discrètement en caméo à la fin du film, en dirigeant l’orchestre de Vienne. Malgré cet adieu métaphorique, il signe ici l'une des plus belles musiques en particulier le thème d'amour Kara Meets Bond.
Son pop, new wave (a-ha – The Pretenders), musique classique et orchestre symphonique, la bande originale (bien que daté avec certains morceaux vraiment trop ancré dans leur époque), donne au film un aspect plus aventureux et s'accorde en symbiose au fil des scènes.


Les références cinématographiques du réalisateurs sont très nombreuses et artistiques et s'articulent sous formes d'hommages dissimulés en indices visuels : Le Troisième Homme pour toute la première partie du film en Europe Centrale (Bratislava & Vienne) et Laurence d'Arabie pour la longue séquence dans le désert Afghan.


D'un certain côté ce film est proche de Au service Secret de sa Majestée mais se distingue naturellement par sa touche très eighties.


Le rôle a été proposé quatre fois à Dalton tout au long de sa carrière. C'est encore aujourd'hui, un cas unique ! Le producteur principal Albert.R.Broccoli trouvait cet acteur épatant déjà à ses débuts, nul doute qu’il fut l'un de ses Bond préférés.


Vous l'aurez compris, si je devais garder un seul interprète de l'espion ce serait lui, rien que pour mes yeux...

Gwenvael7
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le 27 févr. 2020

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Gwenvael7

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