Tusk
5.6
Tusk

Film de Kevin Smith (2014)

Né de la frustration de Kevin Smith sur l'expérience Top Cops, Red State, pur OFNI frappadingue et inclassable, laissait entrevoir un tournant fascinant dans la carrière d'un scénariste / réalisateur prenant d'avantage de plaisir à parler d'un film que d'en réaliser un. Désormais soucieux d'aller là où on ne l'attend pas, de surprendre constamment, Smith revient avec Tusk, délire non-sensique tiré d'un de ses nombreux podcasts.


A partir d'un point de départ complètement con (un savant fou tente de transformer son hôte en... morse !) et avec à peine deux millions de dollars en poche, Kevin Smith ose, prend des risques, tente des trucs, au risque de se rétamer la gueule sur le bitume. Ce qui arrive parfois, notamment lors des interventions parfois embarrassantes d'un Johnny Depp en roue libre dans la peau d'un détective québécois.


Mais peu importe que Smith se plante à certains moments, car il émane de Tusk une folie, une prise de risque indéniable, une envie d'aller là où ses collègues plus recommandables n'oseraient pas s'aventurer. Constamment en rupture de ton, passant de la gigantesque farce de sale gosse à une horreur sans nom, Tusk devient véritablement troublant et inconfortable lorsqu'il décrit la psyché d'un homme salopé par la vie et ayant programmé sa propre destruction, ne supportant plus sa condition d'être humain.


Une vision extrêmement sombre de la nature humaine, illustrée par un duel psychologique aussi tendu qu'horriblement drôle entre le bourreau magistralement interprété par Michael Parks et un branleur hautain campé avec une belle conviction par Justin Long, luttant, lui, pour ne pas devenir cette monstruosité fantasmagorique.


Tour à tour brillant, boiteux, dérangeant, débile, cruel, émouvant, bavard ou bien même abscons, Tusk ne plaira bien évidemment pas à tout le monde mais mérite assurément le détour, ne serais-ce que pour sa démarche totalement suicidaire et pour les superbes maquillages de Robert Kurtzman.

Créée

le 3 avr. 2015

Critique lue 3.1K fois

32 j'aime

4 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 3.1K fois

32
4

D'autres avis sur Tusk

Tusk
clochettelong
1

Entre ennui profond et irrépressible envie de vomir.

Bon, je n'ai pas pour habitude de noter ou d'écrire sur un film que je n'ai pas aimé. Mais là, j'ai besoin d'exorciser la stupeur dans laquelle m'ont plongée ces 102 minutes douloureuses de...

le 5 févr. 2015

22 j'aime

Tusk
VictorTsaconas
1

#WalrusNon, non et non!

(...) le parrain de la geek culture mondiale Kevin Smith est à l’honneur ce soir, pour son dernier film Tusk, délire horrifique dans la lignée du géniale The Human Centipede de Tom Six. J’attendais...

le 30 nov. 2014

18 j'aime

9

Tusk
Fry3000
2

#WalrusNo

Parce qu'il a fait ce film que j'admire nommé Clerks, j'attends avec une certaine impatience tout film qu'annonce Kevin Smith. Il avait fait une incursion aux frontières du cinéma d'horreur avec Red...

le 23 nov. 2014

15 j'aime

3

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

208 j'aime

20