Je ne connaissais rien de la filmographie de Claire Denis et la bibliographie de Christine Angot (coscénariste) m’est encore inconnue. Je ne m’en plains pas, ceci dit, et les choses ne vont pas changer de sitôt : pourquoi s’en infliger plus ?


Impeccable dans son rôle (dommage qu’il soit irritant), Juliette Binoche incarne Isabelle, une femme divorcée à la recherche de l’Amour, le vrai, avec un grand A, mais qui – va savoir pourquoi – se tape le premier connard venu ; le genre de mec qui va lui faire des compliments merveilleux… pour faire passer la pilule de l’annonce qui suit : « Je ne quitterai jamais ma femme parce qu’elle aussi, elle est merveilleuse ». Le pire dans cette histoire, c’est qu’Isabelle, après ça, elle sourit encore. Dès lors – et ça ne fait que commencer –, on a envie de la remuer, de lui crier dessus, de la réveiller. Le pire du pire dans cette histoire, c’est qu’on n’est pas au bout de nos peines.


Faut dire que des connards, elle en rencontre beaucoup, Isabelle. Ça défile et ça défile, et ça ressemble peu à peu à un film à sketches tandis qu’Isabelle passe du coq à l’âne sans trouver le bel étalon qu’elle recherche tant. (Il faut le prendre au pied de la lettre : le premier amant est trop fier et le second incapable de prendre une décision. Ils ont au moins le bon goût d’être tous les deux mariés. Bingo, Isa !). Le rendu cinématographique est étrange. Ça frôle la comédie mais on ne sait pas trop si l’on est censé rire ou pleurer. En fait, je crois (et je l’espère de tout mon bon cœur) que ce que vise le film, c’est la caricature. Du bobo parisien, notamment. Le problème, c’est que c’est raté au point d’en devenir, quelques fois, gênant.



« Heureusement, malgré tous les défauts de son rôle, Binoche est là pour rattraper tout ce merdier. »



Ça, c’est ce qu’on aimerait pouvoir se dire. Malheureusement, ce n’est pas possible. Isabelle se comporte comme une princesse qui attend tout de ses amants mais qui ne fait aucun effort (elle n’est pas aidée, certes, mais quand même). Le summum de l’agacement, c’est lorsque cette dernière écoute sans broncher un de ses amis bourgeois qui ne pense qu’à la sauter lui dire qu’il faut qu’elle quitte son mec (avec qui elle est heureuse) parce que c’est un pauvre et que, tu comprend, tu peux pas être heureux avec un pauvre mais j’ai de l’argent moi tu sais. Là, en tant que spectateur censé et intelligent, tu te dis qu’elle ne va quand même pas être influencée à ce point par un mec aussi insignifiant… et bah faut croire qu’au final c’est toi le naïf.


Finalement, et c’est ce qui justifie la note (avec, tout de même, une réalisation pas trop mal), la forme du film rejoint le fond : Un beau soleil intérieur est à l’image d’Isabelle. C’est un film qui ne sait pas ce qu’il est, qui veut être drôle mais ne cherche pas à faire rire… À moins que ce ne soit cette critique qui soit à l’image de son auteur. De mauvaise foi, donc. Je ne le crois pas mais allez savoir… Ou allez voir.

Menulis
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le 28 sept. 2017

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Menulis

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