Je revois Un frisson dans la nuit dont j'en gardais de vagues souvenirs, il m'avait peu marqué. Et je le redécouvre avec un certain plaisir. Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Clint Eastwood s'en sort très bien et nous livre un thriller prenant et efficace à défaut d'être transcendant.
Il met en scène un scénario écrit par Jo Heims (une secrétaire juridique qui s'est inspiré d'une amie ayant harcelé un homme), les studios ne sont pas très chauds à l'idée de laisser la réalisation à l'acteur. Celui-ci engage sur le tournage son ami, le réalisateur Don Siegel car sa présence va rassurer les producteurs.
Clint Eastwood ne réalise pas un film par caprice, c'est une vraie envie de passer derrière la caméra ; c'était dû à sa fatigue du système des grands studios hollywoodiens, ayant tourné en Europe il s'était rendu compte que là-bas le metteur en scène n'était pas forcément à la botte des producteurs.
L'histoire est simple, un séducteur se laisse tenter par une aventure d'une nuit et cette femme s'avère être un personnage nuisible devenant de plus en dangereux au fur et à mesure que l'histoire avance. Elle est remarquablement interprétée par Jessica Walter.
Ce n'est pas un film avec un suspense hautement intense, mais cela fonctionne bien et le réalisateur a su mettre en valeur des paysages qui lui tiennent à cœur (cela se déroule dans les environs de Carmel, ville californienne, où il vit et dont il fut même brièvement le maire).
Dans l'ensemble c'est donc un film prenant qui va crescendo dans la terreur (en fait ce n'est pas du tout un film effrayant mais on se laisse prendre au jeu). Seule la scène d'amour dans la forêt paraît un brin niaise et inutile, et le passage lors du festival de jazz de Monterey plombe un peu l'ambiance (à savoir qu'Eastwood est un grand fan de ce type musical).