Faire durer le plaisir

Il y a toujours ce risque d'être déçu lorsque vous revoyez un film très aimé, où vous ne retrouvez pas l'émotion, les qualités qui vous avaient tant marqué la première fois. J'avais cette (légère) crainte en pénétrant dans la salle obscure, me demandant si ce concept génial allait à nouveau faire merveille. La réponse est oui. Mille fois. Peut-être le surnoté-je légèrement, que la note juste en-dessous serait plus représentative : c'est tout à fait possible. Qu'importe : lorsque le plaisir est si grand quasiment de la première à la dernière minute, toujours au service de l'histoire, des personnages, de la comédie, de l'intelligence, cela ne peut être qu'un délice.

Tout fonctionne. Aucune fausse note. Démarrage en douceur, mais se justifiant pleinement par la suite pour présenter le cadre, les personnages, leurs relations, notamment pour montrer un anti-héros dont le chemin vers notre cœur s'annonce aussi long que difficile. Pourtant, au fil d'un scénario brillant et particulièrement habile, il devient de plus en plus aisé de s'identifier à Phil, son humour pince sans rire, son cynisme mordant laissant place à quelque chose de beaucoup plus fragile, humain, à l'image des différents stades par lesquels il passe face à cette situation pour le moins... inhabituel. Stupéfaction, désespoir, lâcher prise, joie, opportunité à saisir, désespoir à nouveau, résilience... sans qu'aucune ne soit martelée ou ne s'étire inutilement.

Il y a aussi quelque chose de beau sur les relations humaines, l'amour, la séduction, le fait d'apprendre à connaître l'autre, que de partager exactement les mêmes goûts ne signifie pas aimer... L'occasion de scènes tantôt touchantes, souvent drôles, parfois irrésistibles. Quant au duo Bill Murray - Andie McDowell, loin d'être une évidence, il fonctionne immédiatement, leur complémentarité sautant aux yeux. De très loin la plus grande réussite d'Harold Ramis, conte fantastique pour délicieuse leçon de vie (et vice-versa), semblant même se bonifier avec le temps.