Après trois films et une série sur la médecine (le pas mal « Hippocrate » et le un 3première année » vraiment réussi), secteur dont il était originaire avant de passer à la réalisation, Thomas Litli s’attaque à un autre grand secteur en réalisant un film sur l’Éducation Nationale, « Un métier sérieux ».


En situant son action dans un collège banal de la région parisienne Litli évite déjà deux écueils assez pénibles du film sur les profs et qui rendent les films pénibles au visionnage pour n’importe qui (dont je suis) pratiquant quotidiennement le milieu scolaire. Il évite déjà l’écueil du sauveur d’élèves en difficulté arrivant pour une mission et redonnant le goût du savoir à cette bande de jeunes insolents (« Ecrire pour exister » et autre « Esprits rebelles »). Il évite en s’étant renseigné a minima sur les établissements de tomber dans les travers de film comme « La vie scolaire » qui envoyait un élève en SEGPA suite à un conseil de discipline. Vingt secondes de discussion avec n’importe quel personnel d’un établissement scolaire aurait permis d’éviter de raconter n’importe quoi et de stigmatiser un ensemble d’élèves.


De fait,le film de Litli fonctionne plutôt bien d’un point de vue de captation de la réalité scolaire. Les profs et personnels de direction y sont des humains faillibles et les élèves ne sont ni des anges ni des démons. Juste des adolescents. La bienveillance du réalisateur vis à vis de ses personnages fait que le film est agréable à regarder et le soin qu’il a apporté aux détails (utilisation de Pronote incluse) fait qu’on y croit. Le choix des acteurs et actrices, autour d’un excellent Vincent Lacoste, fait que le spectateur assiste à une diversité de situations traitées différemment en fonction des profils individuels et avec plus ou moins de facilité.


D’un point de vue strictement de cinéma le film trébuche cependant dans sa structure, celle du film chorale. En effet, Litli ne parvient pas à insuffler suffisamment de vie dans des personnages qui restent bien souvent des archétypes (l’ancien rigide, la jeune à la pédagogie innovante, le cool, la stressée, le nouveau un peu dépassé mais qui va réussir à surmonter ses difficultés,…). Des lignes narratives sont ouvertes puis abandonnées.


Par ailleurs, si le film s’appesantit sur les destins individuels, il oublie d’inscrire son propos dans un système et passe à côté de bien des sujets, notamment celui autour de son personnage principal, professeur de mathématiques sans expérience ni formation balancé face à 30 gamins prêts à tester ses limites.

geographe
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films vus et revus en 2024

Créée

le 1 avr. 2024

Critique lue 6 fois

geographe

Écrit par

Critique lue 6 fois

D'autres avis sur Un métier sérieux

Un métier sérieux
Cinephile-doux
6

Peut mieux faire

Des soignants aux enseignants, Thomas Lilti ne semble pas dépaysé dans un univers, souvent vu au cinéma, auquel il apporte sa contribution, rendant une copie correcte, mais avec le sentiment qu'il...

le 14 sept. 2023

26 j'aime

1

Un métier sérieux
Fêtons_le_cinéma
4

Les enseignants parlent aux enseignants

Un Métier sérieux constitue, sans aucun doute, le plus mauvais film de Thomas Lilti, alors même qu’il s’inscrit dans une trajectoire cohérente depuis le monde hospitalier (Hippocrate) vers celui de...

le 17 sept. 2023

19 j'aime

2

Un métier sérieux
sweet-burger
4

Un film pas sérieux

Je suis prof. Des films sur les profs, il en existe pléthore. A l'heure où 1 prof sur 2 démissionne (j'exagère à peine), je m'attends à un film qui attaque le vrai problème de notre chère Education...

le 17 sept. 2023

19 j'aime

5

Du même critique

Massacre à la tronçonneuse
geographe
2

Massacre

En 1974, Tobe Hooper, armé d’une caméra, de son scénario co-écrit avec Kim Henkel et de comédiens pour certains amateurs va réussir à mettre en boîte un des plus grands films de l’histoire du cinéma...

le 19 févr. 2022

7 j'aime

5

Il est trop bien
geographe
1

C'est l'histoire d'un mec

Le 22 mars 1895, devant un parterre restreint de savants de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, au n° 44 de la rue de Rennes les Frères Lumières réalisent la première projection de...

le 8 nov. 2021

5 j'aime

1

The Green Knight
geographe
9

Le preux chevalier.

Carrière singulière que celle de David Lowery, réalisateur d'un premier film prometteur aux accents malickiens en 2013, « Les amants du Texas », puis le remake de « Peter et Elliot le Dragon » dans...

le 25 août 2021

4 j'aime

4