Écraser l'autre ce n'est pas la démocratie

Écraser l'autre ce n'est pas la démocratie dit José Bové dans le film, mais nous savons bien sûr que les autres régimes du monde en cours et testés au fil des siècles ne s'embarrassent pas de telles considérations fondamentales, ni l'économie capitaliste dont le principe de compétition dans ses dérivés prédatrices conduit à l'établissement de rapports de dominations similaires. Basés sur la force ou l'argent

De fait la démocratie et ses valeurs sont en guerre avec les lobbies, les systèmes économiques et idéologiques adverses, ainsi qu'hélas, depuis 2022, dans une autre bien plus directement létale, aux portes de l'Europe, aux côtés de nos frères et sœurs ukrainiens qui ont le courage de résister et se battre pour leur liberté, encore aujourd'hui.

Et une liberté pour laquelle il faut toujours se battre.

Une jeune stagiaire débarque à Bruxelles au parlement auprès de José Bové incarné par Bouli Laner avec juste ce qu'il faut d'effacement pour évacuer toute complaisance. Par elle, nous approcherons des rouages du parlement européens et de ses interactions avec la commission et ses agences, et saurons qu'ici, il convient d'aimer les acronymes, tant ces derniers composent le quotidien de ses discussions. Ce qui peut causer une certaine crainte au profane au cours de la première demi-heure pour suivre l'intrigue, il est vrai, surtout quand on cherche à tout comprendre des ressorts qui l'animent, mais heureusement cette impression s'effacera tout à fait avant qu'elle se matérialise, via une scène plus humaine et légère, au bout de laquelle tout se fluidifie et ne nous lâche plus.

Traitant d'une affaire de corruption possible au sein de la commission européenne par les compagnies du Big Tobacco, ce film possède la grande vertu de réussir à nous la raconter en demeurant dynamique et évitant l'ennui, ce grâce à une mise en scène maline sans y toucher, faite de caméra portée, de réactions bruitées et d'un allant continu réaliste ne surjouant pas les enjeux. Une petite prouesse à saluer pour un film français sur une affaire européenne, qui montre aussi, par-delà sa complexité inhérente, la richesse des échanges avec les représentant de nos voisins au parlement de Bruxelles. Et que la réussite ou l'échec de nos institutions dépendent des femmes et des hommes en poste, et non de leur lourdeur supposée. Un esprit ludico-culturel très Arte et bon à prendre par les temps qui courent.

Bref, toujours utile mais surtout plaisant, et sans nous prendre pour des imbéciles. A voir quand notre grand paquebot multiculturel et démocratique tangue. Soit, régulièrement.