J'ai une affection toute particulière pour Jacques Demy.
Une chambre en ville était celui de ses films qu'il considérait comme le plus abouti, dont le résultat correspondait exactement à ce dont il avait rêvé. Le film fut pourtant un grand échec public.
L' histoire se déroule à Nantes, ville natale de Demy, pendant les manifestations de 1955, et c'est une histoire d'amour tragique hors du commun, et , comme dans les parapluies de Cherbourg, entièrement chantée. La musique est de Michel Colombier et le livret de Demy : il y a de très beaux moments, mais dans l'ensemble, la partition est loin d'égaler celles de Michel Legrand qui épousaient le texte avec beaucoup plus de fluidité, même dans les dialogues les plus ordinaires. Ici, les voix ne sont pas toujours terribles ou bien mal adaptées à l'univers de de Demy : on est mitigé, parfois le charme agit et, à d'autres moments, on se sent presque à la limite de la parodie.
Les décors aux couleurs chatoyantes qui charmaient tant dans les parapluies... semblent souvent kitschs : manque de moyens ou bien la photographie des années 80 n'était plus adaptée aux goûts de Demy ? Peut-être un peu des deux.
Le rôle principal était prévu à l'origine pour Catherine Deneuve, ce qui aurait certainement permis d'élever le budget du film. A sa place, Dominique Sanda est un peu godiche avec les dialogues chantés que Deneuve savait débiter avec beaucoup plus de naturel.
Malgré toutes ces réserves qui, à mon avis, expliquent l'insuccès du film, J'AIME Une chambre en ville. La passion vive de Jacques Demy pour le cinéma et son sens de la dramaturgie allant ici crescendo vers un final intense digne d'une tragédie Grecque ont emporté mon adhésion.
C'est un film qui gagnera certainement à être revu. Peut-être en oubliera t'on même les défauts.