Un film challenge, histoire de m'étonner, de me surprendre …
Oui, moi qui vis la moitié du temps dans mon jardin au fin fond de ma campagne normande, les bottes au pied, qui déteste l'ambiance des boutiques de vêtements (du genre "ce pantalon vous va à ravir" ou "on dirait qu'il a été créé pour vous") et ne supporte que les grandes surfaces (voire internet) où on te fout la paix. Oui qu'est-ce que je viens faire dans ce film, grands dieux !
Me revoilà empoté comme dans "le diable s'habille en Prada" que, contre toute attente, finalement j'avais plutôt apprécié. Et bien là, c'est pire car c'est un conte, un film à l'eau de rose, plein de bons sentiments, dans un monde où les rêves les plus fous sont à portée de main. Eh bien, surprise, j'ai plutôt bien aimé. Enfin, plus exactement, je ne me suis pas ennuyé et me suis même pris à sourire parfois.
Parce que dans ce film, tout finit par s'arranger. Tout ? oui, tout. Il faut dire qu'Ada, femme de ménage londonienne qui ne s'en laisse pas compter bien que le sort ne lui ait pas été très clément, se voit confirmer en 1957 qu'elle est veuve de guerre. Mais ça ne l'empêche pas de rêver et d'y croire. En l'occurrence, elle rêve de posséder une robe d'un grand couturier parisien. Nous y voilà ! Après tout, c'est pas plus con que de rêver à une voiture de course et c'est peut-être même moins cher. En tous cas, moins dangereux. Mais le coup de la robe, c'est un peu le McGuffin que le réalisateur Anthony Fabian utilise pour mettre en situation son actrice, Lesley Manville, dans le rôle de la petite dame anglaise charmante qui s'immisce partout dans la vie parisienne et obtient ce qu'elle veut parce que tout le monde se sent une énorme empathie à son égard et qu'elle est prête à faire le bonheur de tout le monde.
Il faut dire aussi que le reste de la distribution aide bien la gentille mais très obstinée Lesley Manville dans l'assouvissement de son rêve. On y trouve Lambert Wilson dans le rôle d'un aristocrate, très vieille France, qui lui donne un discret coup de main dans la maison de haute couture. Et comme il faut quand même quelqu'un qui s'oppose à l'accomplissement des rêves d'Ada, c'est une piquante Isabelle Huppert en directrice de la maison de haute couture qui, du haut de son mépris, tente de s'opposer à la réalisation des rêves d'Ada. Mais comme on s'en doute, devant l'énergie déployée par Ada, il faudra bien qu'elle en rabatte.
Pour conclure, la vision du Paris de 1957 est assez curieuse car les rues sont jonchées d'immondices du fait d'une grève des éboueurs (est-ce un message subliminal ?) et tout le monde, y compris les clodos, se pique d'existentialisme. Même si Ada, peu au fait, pense que "l'Être et le Néant" est un bon polar… Et ceci nous ramène à un film de Stanley Donen, "drôle de frimousse", réalisé justement en 1957 où Audrey Hepburn profitait de son séjour parisien pour assouvir sa soif de philosophie existentialiste.