Une vie meilleure est poignant, puissant, réaliste, parfois dévastateur, et permet à Cédric Kahn de revenir sur le devant de la scène. Non seulement parce que ça va faire 3 ans qu'on ne l'a pas vu, mais également parce que ses dernières sorties étaient franchement anecdotiques. (Rien de transcendant depuis "Feux Rouges"). Si son nouveau film, qui défend le français besogneux lambda face à la crise économique actuelle, n'est pas vraiment une grosse prise de risque, Kahn le fait bien, et c'est finalement ce qu'on en retiendra.

Pourtant, tous ces atouts cités ci-dessus, censés annoncer une réussite, représentent également les limites de l'oeuvre. A trop vouloir jouer sur les sentiments et sur la situation désespérée de cette famille, le réalisateur en oublie parfois le principal : alors que le début nous met face à un drame social et économique, encré dans l'actualité et donc apportant un message fort, la suite est beaucoup plus conventionnelle et lorgne parfois dans le mélodrame. Kahn perd donc en efficacité en s'attardant sur quelques éléments dramatiques, alors qu'on attendait de lui des faits plus directs et percutants.

Cependant, bien que le surplus de pathos puisse gêner, il est très difficile de rester insensible face à cette galère familiale, résolument encrée dans la réalité. Il suffit d'ouvrir la fenêtre de son appart et de jeter un oeil dans la rue pour se rendre compte que le réalisateur n'est pas là pour raconter des bobards mais au contraire pour être le plus juste possible. Sa caméra, toujours plus proche des acteurs, dégage une sincérité exemplaire.

En plus de ça, on a beaucoup de chance, car le casting est en or, Guillaume Canet en tête qui nous offre une des ses meilleures prestations, accompagné de Slimane Khettabi, môme à la gueule d'ange. On pourra juste regretter l'absence [imposée] sur une grande partie du film de Leïla Bekhti, qui nous surprend toujours plus devant les caméras et qui n'hésite pas à multiplier les registres : comédie, comédie dramatique, musical et maintenant drame. Elle illumine de sa présence, avec ce regard toujours aussi puissant (bon, c'est pas très objectif tout ça).

Au final, un film parfois inégal, qui ne va pas tout le temps au bout des choses, mais dont les dialogues de qualité, les acteurs remarquables, la mise en scène sobre et la sincérité de Kahn suffiront de nous convaincre.
badgone88
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le 6 juin 2012

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