Je ne m'attendais pas à grand chose avant de regarder ce doc, dois-je avouer. Je ne m'étais pas dit que c'était une plongée dans l'histoire du Black Metal, mais je savais juste que quelque chose sur Mayhem allait en ressortir.


Mmm...En fait, j'ai eu droit à une analyse socio-culturelle de ce mouvement bien particulier, balayant bon nombre de clichés.


Mayhem est l'un des groupes de BM que je connais depuis une vingtaine d'année (avec Dimmur Borgir et son vibrant Blessings Upon the Throne of Tyranny, ou encore Darkthrone et l'immuable A Blaze In A Northern Sky), mais je ne m'étais jamais penché sur ce qu'était le BM réellement.
En fait, j'en avais une vague idée (forcément fausse) puisque basée sur la rumeur du Satanisme ou approchant.


Pour certains groupes, il y est question de Paganisme, pour d'autre d'Athéisme ou...de Satanisme. C'est selon les valeurs de chaque groupe, me direz-vous...


Mais ici, Varg Vikernes (on va revenir sur lui plus en détail, attendez) explique le pourquoi de la naissance du BM dans les pays du Nord: le refus de se laisser "convertir" de force au Christianisme et la Norvège n'a pas toujours été Judéo-chrétienne.
Non, avant cela, les peuples du Nord avaient leurs propres Dieux, merci bien.


Après la première époque du BM venu d'Europe "australe" (terme qui conviendra ici) tel que le Royaume Uni, la Suisse...avant que ne déboule la seconde vague - septentrionale cette fois - avec le Danemark, la Finlande et surtout la Norvège, donc.


En Norvège, le BM s'articula principalement autour de Mayhem, Burzum, Darkthrone, Emperor et autres Immortal.


Mayhem se fit rapidement un nom de par les prestations scéniques très spéciales du chanteur Per Yngve Ohlin a.k.a Dead, jeune homme dépressif et secret qui se mutilait sur scène, mais aussi bien sûr par leur son.
Dead ne participa à aucun enregistrement d'album en studio, puisqu'il se suicida en 1991 (le bassiste Euronymous prendra des photos de son cadavres et l'une d'elle deviendra même la cover du bootleg Dawn of the Black Hearts).
Cela ne l'empêcha nullement de se produire de nombreuses fois sur scène entre 1988 et sa mort.


Un an plus tard, le fameux Varg Vikernes est introduit dans le groupe...et poignardera Euronymous en 1993 ( entre 1 - selon ses propres termes - et 23 fois -selon le rapport du légiste).
Il s'agirait d'auto-défense selon ce dernier.
Et mon chihuaha joue du violon...


Mais au vu de son parcours à suivre, on est en droit de se poser la question, puisque - condamné à 21 ans de prison, il tentera de fuir en volant une voiture sous la contrainte d'une arme en 2003 - alors qu'il était en permission - puis sera arrêté par la police française en 2013 pour détention d'armes et possible tentative de participation à un attentat.
Et quand on sait que Vikernes est un ancien membre du Svensk Hednisk Front (groupuscule néo-nazi) et qu'il le revendique toujours, on se dit que le gars n'a peut-être pas tout dit sur l'affaire Euronymous, blah...
Oh...ai-je oublié de vous dire que ce gars vit en France depuis quelques années ?


Anyway, je m'égare Edgar...


Non, le plus intéressant ici est donc de voir le côté socio-culturel de la chose et l'isolement dans lequel se mettent volontairement ces musicos en cuir noir et longue tignasse.
Surtout dans un pays aussi Chrétien que la Norvège.


D'un côté, les bons Croyants et leurs défilés avec croix et fusils (véridique), de l'autre ces rebelles (anciens rebelles ?) qui détonnent dans le paysage (en 1990 comme en 2009, date du documentaire).


Où se situer dans une société américanisée à l'extrême (outre la Foi bien ancrée, il y a cet étalage d'entreprises Ricaines qui ont envahi le pays (à coup de Mc Truc, United Color of Machin or whatever) ?


Comment se fondre dans cette population lorsque l'on porte les cheveux longs, qu'on est habillé en cuir noir et qu'on est couvert de tatouage (non, je retire l'histoire des tatouages, vu que n'importe qui aujourd'hui se tatoue, même ma voisine qui a 65 ans, juste parce que ça fait "hype", what a shame...).


Eh bien si on a de la chance, on peut trouver des bars (comme le Elm Street Rock Cafe à Oslo) ou quelques festivals ici et là...Mais la plupart du temps, on se déguise pour aller au boulot et on rentre vite chez soi, pour ne pas se sentir oppressé.
What a fukin' life, uh ?
L'acceptation des autres n'est pas toujours d'actualités et ce, même en 2019...


Dans ce doc, il y a - outre le Varg qui témoigne de sa (jolie) cellule -:



  • le gentil Fenriz qui me fait furieusement penser à Francis Lalanne (même dégaine, même "esprit", même yeux, bref...) et dont je ne peux pas prendre au sérieux le moindre mot qu'il dit (Lalanne's Curse),

  • Hellhammer (batteur de Mayhem) et ses propos parfois limite (le meurtre d'un gay devient presque "inévitable" à ses yeux)

  • Bjarne Melgaard , un artiste opportuniste qui récupère le BM pour faire une expo chic

  • Frost (batteur de Satyricon) qui clôturera le doc en une performance "perforée" devant un public voyeur-dégoûté-fasciné- bobo en mal de sensation (avec collier à clou en sus).


Le BM est donc un refuge pour reclus de la société (du moins en Norvège) et qui traversent les années sans se rendre parfois compte qu'ils sont un peu...ridicules (je pense à Fenriz et Frost, en particulier).


Sous ses dehors schyzo (le glauque avec Varg et Hellhammer sans cœur vs le "vis ma vie de métalleux sensiblo-perdu" de Fenriz), Until The Light Take Us donne du fond à cette branche extrême du Death Metal, surtout avec la création du fameux Black Circle qui se fit le chantre de l'attentat contre le Patrimoine bâti de la Norvège, via les incendies criminels de plusieurs églises historiques dont la splendide Fantoft stavkirke (presque millénaire) de Bergen.
Tiens, on me dit dans l'oreillette que le Varg de malheur est aussi impliqué là-dedans, tout comme sa future ex victime Euronymous...


Je peux comprendre les revendications culturelles d'un pays, mais la destruction de monuments ayant trait à l'histoire de l'Homme, je trouve ça très con (je ne vous raconte pas ma réaction lorsque these mothafukas talibans ont fait exploser les Bouddhas de Bamiyan, en 2001...).


Bref, ce doc m'a fait écrire tout ce bazar, remonter l'Histoire et même voyager jusqu'en Afghanistan, c'est donc qu'il devait être intéressant, right ?


PS: Que puis-je trouver à Mayhem ou Dimmur Borgir alors que je m'éclate aussi avec Le Quattro Stagioni de Vivaldi, Can You Feel It de Reel 2 Real, Smalltown Boy de Bronski Beat, In The Closet de Michael Jackson ou l'OST de Predator 2, me direz-vous ?
Well, la musicalité !
Oui, celle-ci peut-être présente partout, autant chez les Inconnus (Vice et Versa) que chez Gainsbourg (La Javanaise), dans la techno hardcore de Body Lotion (Fuck Martina) que dans le mouvement Mars des Planètes de Gustav Holst.


La musique est un moyen d'expression qui peut nous parler (via des lyrics ou pas, là n'est pas le sujet) si tant est que nous ayons l'oreille attentive...


Kvar kjem du frå?


Eg kjem frå Planeten jorden !

Franck_Plissken
9
Écrit par

Créée

le 7 avr. 2019

Critique lue 778 fois

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The Lizard King

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