Vagues invisibles ne convainc jamais. Difficile, passé un certain âge, de se laisser berner par ce genre d'objet pseudo arty cool quand l'eau a suffisamment coulé sous les ponts et que l'on est de plus en plus insensible à ce type de narration "sensorielle" (cache-misère ?), déstructurée intentionnellement (pour se donner un genre), devant lesquelles le spectateur se demande sans cesse ce qu'il regarde et doit se faire des nœuds au cerveau pour recoller les morceaux de l'histoire qu'on lui raconte. Si encore on touchait le salaire du monteur, on ne dirait pas non mais ici, on a l'impression de devoir rattraper le travail d'un monteur viré de la salle de montage par un réalisateur sous l'influence d'opiacés. Au delà de ça, on a connu Tadanobu Asano plus incandescent. De toute façon, au petit jeu de l'acteur qui incarne le mieux "la pile de linge sale", le Robert De Niro de Jackie Brown est imbattable, c'était perdu d'avance.
Comme si le calvaire narratif ne suffisait pas, la photographie est très moche (on a perdu Christopher Doyle). Reste quelques gags rigolos et des moments décalés, notamment pendant la traversée en bateau, qui évoquent parfois Takeshi Kitano (mais alors, pour être gentil). C'est d'autant plus étrange que certains autres films très personnels du même réalisateur sont franchement excellents, démontrant un certain savoir-faire narratif et rythmique totalement absents ici. Passons. "Trop vieux pour ces conneries" comme dirait Roger Murtaugh.