Les yeux plus gros que la Vendée

L'histoire de François Athanase Charette ne suffit pas à porter ce film, surtout au vu de ses ambitions.

Je crois que si je ne connaissais pas son histoire, je n'aurais rien compris au film, et ça pour plusieurs raisons :

Déjà la mise en scène. Les caméras sont collées aux acteurs, on ne respire jamais (à part dans les rares scènes au bord de mer) en prenant du recul par rapport à eux, et, si ce rapprochement est à la limite compréhensible dans les scènes de bataille (si on peut les appeler comme ça) à cause de ce qui semble être un budget resserré, il l'est de moins en moins lors des scènes calmes où on étouffe : la petite fête nocturne après la première victoire de Charette, la scène de la conscription, etc.

Les personnages (hormis Charette) n'ont aucun intérêt. Ils sont génériques, disposent d'une ligne de présentation maximum pour ceux qui reviennent le plus souvent (je pense à Couëtus (vous aviez retenu son nom ?) joué par Gilles Cohen notamment) et n'apportent en réalité pas grand chose à Charette. De plus, les personnages féminins (les trois principaux) se confondent, la soeur avec la première amazone, puis les deux amazones entre elles) et cela également parce qu'elles ne servent pas vraiment à grand chose.

Charette (et pourtant Hugo Becker se débrouille dans l'interprétation, ou du moins il est le moins nul de tous). Il nous est présenté torturé via de multiples introspections, mais lorsque le scénario reprend sa marche en avant, il ne semble jamais présenter ce comportement, allez peut-être une seule fois :

De plus, cette voix off casse totalement le film. Elle le transforme en documentaire et fait clairement en trop, surtout quand le film tente de nous cacher des secrets de Charette (au moment des premières négociations). On ne vit pas l'histoire racontée par Charette, on a juste une voix qui, par fainéantise ou manque de budget, nous explique des choses, pas tout le temps utiles d'ailleurs.

Bon après on pourrait revenir sur les scènes de batailles. Elles sont nulles, on n'y comprend rien, tout simplement, et cela même pour les embuscades. Autant toutes les supprimer hormis celle de la grande victoire et s'appliquer à la réalisation d'une seule embuscade, au lieu de filmer une dizaine de fragments ratés.

On pourrait continuer longtemps, mais on trouverait très peu d'arguments allant dans le bon sens. Même la scène finale, pas mauvaise prise individuellement, ne fonctionne pas vraiment car elle mise sur le lien fait entre Charette et le général républicain, qui est trop superficiel et développé sur le tard.

C'est raté, et je le dis en tant qu'amateur du Puy du Fou, mais je pense que le film fera son bout de chemin, parmi un certain public, pas forcément le plus réac', surtout vieux et n'ayant pas fréquenté un cinéma depuis Braveheart (Quoi, c'est la même chose ??).