Si on peut trouver plusieurs strates dans le cinéma bis (la série B, la série Z mère de tous les nanars, et le cinéma d'exploit - pour les deux derniers c'est fou ce que la limite peut être floue), on peut également trouver des strates en son sein. (Vous noterez que la phrase en elle-même ne veut rien dire, mais nom de dieu elle en impose niveau introduction !!!)
Si Joe Dante et Tom Holland constituent la partie fréquentable de la série B, quelque part dans les bas-fonds, on trouve Tommy Lee Wallace.


Tommy Lee Wallace, c'est le mec qui se fout de rater un film et qui fonce. "Mon image est graineuse? Ma lumière dégueulasse? Mes acteurs mal dirigés? Et alors, j'aime bien moi !!!"
Tommy Lee Wallace, c'est l'un des scénaristes les plus glauques de la série B. C'est le mec qui expérimente encore et toujours plus l'utilisation des prothèses pour donner des effets dégueulasses. Bref Tommy Lee Wallace est le représentant du glissement du fantastique/horreur d'un public large à un public plus restreint toujours en quête de transgressions des règles qui constituent la fabrication d'un film qui sera reconnu à la fois par le public et la critique.
Un jour viendra où les fanatiques de la VHS auront disparu et le nom de Wallace avec, tandis que Carpenter, Dante et consort auront encore droit à des rééditions de leurs films en bluray collectors.


Ici, le soldat inconnu de la série B signe la suite du film culte de Todd Holland (qui nous avait également livré le premier volet des aventures de Chucky). Loin de simplement repomper ce qui faisait l'intérêt du 1er film (une photo typiquement 80's, utilisation de la lumière magnifique donnant parfois lieu à des envolées lyriques -si on peut dire- et une bande son au synthé), Wallace signe le testament du film fantastique/horreur grand public, ou plutôt il pressent sa disparition.
Je m'explique: fin des 80's, le genre devient moribond notamment de par la production en séries de slashers cherchant à rentabiliser une mode sans plus se préoccuper de la qualité. On atteint le niveau de la désuétude. On en est là quand le film se fait.
Tandis que son prédecesseur était principalement une pochade qui jouait avec les codes du film de vampires, celui-ci, beaucoup plus sombre se concentre sur la disparition voire le pourrissement d'une époque. C'est sans doute cette nostalgie qui le pousse à remplir légèrement plus de gueules atypiques les seconds rôles (Brian Thompson et Jon Gries). C'est une nostalgie que nous retrouvons aussi au travers du personnage de Peter Vincent, déjà établi comme un hommage à Peter Cushing et Vincent Price, et qui ici voit disparaitre tout un pan de sa vie.
On est moins dans l'ironie du premier mais plutôt dans une sorte de cynisme qui égratignera aussi (très gentiment celà dit, faut pas rêver non plus) les psychiatres au passage.


Le film se permet également d'être plus proche du "Dracula" de Stoker, allant même jusqu'à me remettre en tête l'indisposition des vampires face aux roses, et ça c'est gentil comme tout.
Et c'est bien son ambiance qui sauve le film. Sur la seule base du scénario, le film aurait pu être foiré de A à Z, surtout avec Wallace, mais ici le tâcheron que nous connaissons habituellement se remet un peu en selle et boucle un film qui au final est plutôt sympathique.
Tout le casting cabotine mais c'en est presque délicieux de les voir autant impliqués. La musique n'est pas remplie de synthés qui pourraient passer pour anachroniques aux oreilles d'un spectateur de maintenant, ce qui peut être un soulagement pour qui y est allergique. Moi j'aime bien ça donc je m'en fous mais je préfère quand même prévenir.


Enfin le dernier point: Julie Carmen. Seigneur! En la voyant, impossible de ne pas se dire que le "charisme" de Chris Sarandon dans le film précédent était forcé et inefficace. Avec une telle présence à l'écran et une aura aussi érotique, elle incarne à merveille la menace vampire.
(Allez voir ICI si vous ne me croyez pas)
On la retrouvera d'ailleurs 6 ans plus tard dans l'un des chefs d'oeuvre de Carpenter, je vous laisse trouver lequel.


Donc si le film n'est pas forcément à regarder à la suite de son prédécesseur, ça reste une oeuvre intéressante dans le contexte de la filmo de Wallace (un peu comme "Halloween 3" tiens).


PS: Le film n'étant pas commercialisé en DVD ni VHS sur notre territoire il est difficilement trouvable donc bon courage.
Par contre les amateurs de la VF peuvent toujours recourir à Youtube, parait qu'une bonne qualité y est trouvable là bas


Une critique à retrouver dans la rubrique "Retour vers le passé" ici.

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le 18 août 2015

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Matrick82

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