Ah, Noël. Voici venu le temps de se retrouver en famille pour partager ce merveilleux jour de fête. Paix sur Terre et joie aux hommes de bonne volonté ! Et voici justement le Père Noël qui apporte ses présents aux enfants sages. Regardez le qui traverse le ciel sur son traîneau volant, tiré par son fidèle…euh… bison des montagnes.

Selon une légende nordique, Santa Claus serait en réalité le fils de Satan, (« Santa », « Satan », on se demande où ils vont chercher tout ça…) un colosse viking, bâti comme un ours, qui prend un malin plaisir à torturer son prochain, et dont le passe temps favori est de pêcher sur la banquise avec les elfes – les pauvres elfes jouant bien sûr les hameçons réticents. Afin de stopper son règne de terreur, un ange envoyé par Dieu lui propose un pari. S’il perd, il sera forcé de distribuer des cadeaux chaque année à Noël pendant mille ans. Santa accepte, échoue et se voit contraint de jouer ce gros barbu débonnaire que nous connaissons bien, et dont le « ho ho ho » caverneux dessine un sourire sur le visage de tous les enfants. Mais les mille années touchent à leur fin et toutes ces années de travaux forcés ont rendu Santa un poil irritable. Cette fois, les douze coups de minuit sonneront l’heure de la vengeance. L’année dernière, Santa offrait les présents. Cette année, il distribue les marrons. Et quoi de plus approprié pour le fils du diable que de commencer sa tournée par cette petite bourgade si justement nommée « Hell Town » ?

Un scénario grotesque, un réalisateur inexpérimenté et armé d’un budget dérisoire, et des comédiens habitués aux seconds rôles ou cantonnés au petit écran. Tout prédestinait Santa’s Slay à être rangé aux côtés de ces séries Z, aux acteurs au rabais, où les effets gore priment sur les qualités narratives et esthétiques. Il faut pourtant avouer que pour un premier long métrage, le cinéaste David Steiman s’en sort avec les honneurs. Les scènes d’action sont d’une qualité peu commune pour un petit budget. Le montage soigné et la maîtrise du cadre soulignent aussi bien le suspense que la comédie. Les effets visuels sont aussi discrets qu’efficaces. Et enfin, la bande son, ironiquement composée de chants de Noël festifs, contraste délicieusement avec la violence des situations.
Fait rare également pour ce genre de production, les acteurs sont convaincants et incarnent des personnages à la fois crédibles et sympathiques auxquels on s’attache immédiatement. Mention spéciale au grand-père malicieux et excentrique, habile croisement entre Obi Wan Kenobi et Doc Brown de Retour vers le Futur. Quand au rôle de Santa, il va comme au gant au catcheur Bill Goldberg. En plus de rouler des mécaniques et d’exhiber des avant-bras comme des troncs d’arbre, Goldberg communique un plaisir de jouer évident à chaque instant. Notamment dans la scène du bar à strip tease, référence à la fois au Terminator et aux films de Jackie Chan, où il démonte les videurs et le mobilier, au milieu de danseuses à moitié nues.

Santa’s Slay étonne constamment par ses répliques loufoques et son ton irrévérencieux. Malgré la stupidité du script, Steiman nous charme dès les premiers instants avec un ton décalé, mis en valeur par le soin apporté à la mise en scène. Mais Santa vole clairement la couverture à chacune de ses apparitions. L’introduction à elle seule vaut son pesant de cacahuètes: faisant irruption chez une famille de riches parvenus en plein repas de Noël - en défonçant littéralement leur cheminée - il envoie d'abord leur chien dans les pales d’un ventilateur avant de se jeter sur les convives pour les massacrer de la manière la plus jouissive possible. La scène met clairement en avant un humour noir et une créativité dans le meurtre qui rappelle les meilleurs moments de Freddy et de Jason. Et le reste du film ne fait que consolider cette impression pour le plus grand bonheur d’un public friand de violence cartoon. Quand il ne vous plante pas un sucre d’orge entre les deux yeux, vous poignarde avec une étoile de Noël, ou vous noie dans de la crème anglaise, Santa Claus peut tout simplement vous éparpiller façon puzzle avec les paquets explosifs du Schtroumph farceur.

Les morts sont imaginatives et brutales, les personnages principaux sont charmants, le réalisateur contourne les limites du budget par une mise en scène travaillée et cherche avant tout à nous faire passer un bon moment. Cette course poursuite effrénée, bizarre mais hilarante, nous laisse avec un sourire idiot jusqu’à la fin. Une fin qui ne remplit hélas pas ses promesses et déçoit par son manque de bravoure. Une faute certainement due au manque de moyens. Mais on reste néanmoins avec un arrière goût d’en vouloir davantage. Quand on s’amuse, le temps passe toujours trop vite.


Si pour Noël pour souhaitez échapper aux sempiternelles bluettes romantiques de fin d’année ou à l’inévitable production Disney pour toute la famille, et si vous êtes dans le bon état d’esprit pour un petit film d’horreur décomplexé, alors sortez la bûche et le popcorn. Amateurs de mauvais goût, de violence burlesque et de nudité gratuite, on ne pourrait vous faire de plus beau cadeau.
Nazgulantong
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le 14 août 2014

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Nazgulantong

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