Vice
7.1
Vice

Film de Adam McKay (2018)

Petite liste à la Prévert voulez-vous ?


• Oscar du meilleur film
• Oscar du meilleur réalisateur
• Oscar du meilleur acteur
• Oscar du meilleur acteur dans un second rôle
• Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle
• Oscar du meilleur scénario original
• Oscar du meilleur montage


Tout ça, c’est qu’aurait pu rafler Vice à la grand-messe annuelle du cinéma. Sauf que la réalité est tout autre, que Green Book, Roma et Bohemian Rapsody se sont taillé les meilleures parts du gâteau, et que Vice n’a eu que les miettes, quand dans les faits il méritait un bien meilleur festin.


Vice c’est une fois de plus l’histoire de l’Amérique. D’un pays touché en plein cœur par 2 avions un matin de septembre, d’une idéologie occidentale contestée et d’un ennemi silencieux à abattre en retour. Et surtout : d’un homme qui tient l’avenir du pays le plus puissant au monde entre ses mains sans que personne ne se rende compte. Ce mec, c’est Dick Cheney, vice-président de George W. Bush Junior. Et quand tous les yeux du monde étaient braqués sur le second, le véritable pouvoir était détenu par le premier.


La théorie de Dick Cheney était basée sur le fait qu'après avoir passé une journée à bosser, les gens préfèrent clairement se vider la tête et se divertir plutôt que d'écouter des discours pompeux sur l'économie et les méandres de la finance. Un postulat anticonformiste en politique pour un homme qui avait néanmoins parfaitement compris avant tout le monde dans quelle langue parler aux électeurs.


C'est ainsi que ce dernier a gravi les échelons jusqu’à la Maison Blanche. En se faufilant progressivement dans les arcanes du pouvoir avec discrétion. C'est ainsi qu'il convainc Bush - et l'opinion publique par extension - d'envahir l'Irak, arguant sans trembler qu’il est plus facile de représenter un ennemi en le délimitant physiquement par un pays plutôt qu’en essayant d’expliquer ce qu’est véritablement Al Qaïda à un auditoire inculte. C’est ainsi que les plus grandes décisions de ce monde sont prises sous l'influence d'un seul homme pendant des années, sans que personne ne soit au courant. Et c’est parfaitement glaçant.


Le mode de narration de Vice colle parfaitement à la personnalité de son sujet principal, et repose étrangement sur le même système : en évoquant avec des mots simples ou en vulgarisant avec des images ce qui en vérité tient d'une gravité absolue. Une violence inouïe s’échappe alors tranquillement d’un film aux allures de biopic sympathique sur fond d’une vérité atroce.


Reconnu comme le meilleur ambassadeur des régimes amincissants et grossissants, le très téméraire Christian Bale – toujours non oscarisé à date - incarne avec brio ce politicien discret à l'air débonnaire et taiseux, la voix rauque, l'oreille tendue et le museau bien affûté. Amy Adams le seconde avec efficacité en épouse fidèle, tandis que Sam Rockwell débilise à loisir un George de Bush plus con que le chapeau d’un texan. Un joyeux rôle qui achève Mister President et consume le peu d’estime qu’on pouvait encore lui prêter.


Autour de ce solide casting, la réalisation se veut réaliste, extrêmement bien rythmée et surtout hyper fluide. De sorte à ce que l’on ait à peine le temps de se rendre compte de ce qui se trame à l’écran qu’autre chose est déjà en train de se jouer sur le plan suivant. Du reste, le mode de narration chronologique nous permet dans le même temps d’apprécier le vieillissement de Christian Bale au fil de l’histoire, qui a valu au film l’Oscar des meilleurs maquillages et coiffures (et cet Oscar seulement, je le rappelle).


Adam Mckay quant à lui, produit tranquillement, sans que personne ne l'ait vu venir, ce qui devait être une machine à Oscars. A l’arrivée : 8 nominations pour une seule récompense : un Oscar technique. Un palmarès peu suffisant à l’égard de ce que Vice a pu déployer comme talents. L’on dira, comme pour beaucoup d’autres, que celui-ci était - et il l’était - trop politique, trop pro-démocrate ou trop bavard. Un comble pour ce film, car on n’a jamais aussi bien fait parler quelqu’un d’aussi discret.

Maître-Kangourou
8

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2019 et Vus en 2019

Créée

le 6 avr. 2019

Critique lue 257 fois

Critique lue 257 fois

D'autres avis sur Vice

Vice
dagrey
8

Dick Cheney, "L 'âme damnée" de Georges Bush Jr

Après une carrière politique brillante et un passage dans le monde des affaires, Dick Cheney a discrètement réussi à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush. Devenu l'homme le plus...

le 19 févr. 2019

41 j'aime

9

Vice
Cygurd
3

Vicissitudes de l'aigreur politique

Adam McKay est indéniablement talentueux. Pour qui avait apprécié ses précédentes réalisations, qui naviguaient d’une comédie intelligente et émotionnellement prégnante à l’autre, l’annonce de Vice...

le 3 févr. 2019

32 j'aime

4

Vice
IroquoisPliskin
7

Cynical Dick

Vice représente tout ce que j’apprécie dans le cinéma. Un cinéma qui dénonce et rit face à l’ironie d’une machine aux rouages bien huilés, alimentée par le sang, l’argent, la bêtise humaine... Et les...

le 15 janv. 2019

27 j'aime

Du même critique

Zygomatiques
Maître-Kangourou
10

Que le rire demeure !

C'est cruel, mais le rire n'existe pas. Tout du moins dans ce 1984 dystopique, où la joie est bannie du quotidien des hommes. C'est d'ailleurs très intéressant de voir ce que serait le monde sans...

le 21 févr. 2013

14 j'aime

Le Terminal
Maître-Kangourou
8

Inconnu à cette adresse

Tom Hanks se complaît-il dans les personnages voués à la solitude ? En tous les cas, l'exercice lui réussit à merveille. C'est aussi la preuve formelle d'un grand talent d'acteur, qui sans forcément...

le 18 avr. 2013

13 j'aime

OutRun
Maître-Kangourou
8

Patrouille Nocturne (suite)

Kavinsky, c'est avant tout le charme électrisant des eighties, à l'image du très magnétique Protovision, une tuerie. La patrouille continue avec Rampage, se trempant dans le film d'angoisse à la Wes...

le 8 mars 2013

12 j'aime

2