Charme. Volupté. Simplicité. Trois mots qui me viennent à l'esprit après le visionnage de cette petite comédie romantique, premier long métrage de Prachanda Man Shrestha.


Visa Girl dépeint le portrait d'une jeunesse népalaise pleine de rêves et d'aspirations. Une jeunesse ambitieuse et polyglotte qui fantasme obsessionnellement sur le rêve américain, employant tous les moyens dont ils disposent pour parvenir au Saint-Graal : la green card ! Un professeur, un photographe et un guitariste vont ainsi faire la connaissance de Stuti. La jeune femme dirige une fondation qui édite des livres audio pour des enfants malvoyants. Elle est sur le point de partir aux USA pour des raisons professionnelles : c'est la Visa Girl. La personnification de l'espoir du trio.


Avec un synopsis pareil on peut naturellement s'attendre à un développement mièvre dans lequel on verrait les trois apprentis Casanova courtiser lourdement Tutsi tout au long du film. Oui c'est le cas. Oui ça dégouline de bons sentiments. Mais ça fonctionne. La fluidité exemplaire de l'intrigue et son montage habilement elliptique apportent un certain magnétisme à Visa Girl. Le schéma convenu bollywoodien s'étiole et laisse place à un conte onirique jouant avec ses propres codes, sans aucune prétention. L'interprète de Tutsi, la délicieuse Richa Sharma (Loot, Highway, Talakjung vs Tulke,..) , prend des allures de petite fée, qui, à défaut de pouvoir exaucer tous leurs voeux, va ébranler leur conviction. L'humour persiste, mais gagne en relief.


Si la thématique de l'Amour est présente sous toutes ses formes, celui destiné à la patrie, et la déconstruction du rêve américain qui va avec, s'installent comme la toile de fond.



A un ami revenu d'Irak "Where is petrol ?"



"For petrol you have to kill. Ta !Ta !Ta !Ta ! People of our country don't get it. We only get empty shells and bits of missiles that fall to the ground."



Les débordements chauvinistes existent mais restent néanmoins furtifs. Il est plus question d'ouvrir les yeux sur ce qu'apporte son pays et d'éviter de rêvasser sur l'herbe toujours plus verte d'un eldorado lointain.



Whatever you do
Whatever you tell me
Whatever you take me
My heart is forever Nepali



Les différentes chansons qui parsèment le film sont très élégantes tant sur la forme que sur le fond. Elles ne tranchent pas foncièrement avec le récit normal, mais apportent un petit esprit de comédie musicale bien venue.


Décidément, je passe de surprise en surprise avec ces pépites népalaises. Visa Girl parvient à transcender son sujet pour nous livrer un petit conte drôle et attachant. Et ça, ça fait du bien !


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GigaHeartz
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le 28 mai 2016

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