Pour les adeptes d'émancipation de Mister Zombie...

J’ai découvert Vivre à travers sa bande-annonce. La présence de Bill Nighy dans le rôle principal a immédiatement éveillé mon intérêt. L’atmosphère et le ton qui se dégageaient des images ont fini de me convaincre. Je me devais d’aller voir ce film au cinéma ! Avant de développer davantage mon point de vue sur cet opus, je tiens à préciser que je n’ai appris qu’a posteriori qu’il s’agissait d’un remake d’un film éponyme japonais réalisé par Akira Kurosawa et datant d’environ un demi-siècle. Ne l’ayant jamais vu, je me garderai donc de toute comparaison entre l’original et la copie. Je peux par contre vous annoncer que le plaisir pris devant le Vivre d’Olivier Hermanus m’a donné envie de voir l’œuvre originale dont il s’est inspiré.


L’histoire se construit autour de Monsieur Williams. Cet homme à l’apparence rigide et sans émotion est un gentleman qui chaque matin emprunte un train de banlieue pour aller travailler au service des travaux publics. Son quotidien consiste à gérer des tâches administratives. La principale de ses tâches semble consister à remettre à plus tard le traitement des dossiers. La dimension routinière de sa vie, de son environnement et de ses interactions sociales envahit rapidement le film. L’immersion dans ce Londres des années cinquante est immédiate et envoutante. La mise en scène, les dialogues… Tout sublime le côté mécanique de la vie menée par tout ce petit monde.


On est habité par le sentiment que la vie de Monsieur Williams est dénuée de surprise depuis des décennies. Toutes ses habitudes et ses rituels vont être remis en cause par un événement dramatique. Il se voit diagnostiquer un cancer. Il ne lui reste donc plus que peu de temps à vivre. Cette annonce brutale et horrible va marquer un changement radical dans la perception de la vie par le héros. Il se pose la question de sortir du carcan dans lequel il s’est consciemment enfermé. Il se questionne pour la première fois sur ses envies. La perspective de mourir l’intense à donner un sens à sa vie. Ce questionnement et cette évolution sont touchants. Le personnage robotique présenté au début de l’histoire devient humain et fragile. On s’y attache aisément. L’interprétation remarquable de Bill Nighty joue un rôle majeur dans l’émotion ressentie par le spectateur à l’égard de son personnage.


La vie de Monsieur Williams s’inscrit dans un univers gris. La scène d’introduction nous présente un groupe de bureaucrates, collègues de travail qui se rendent au travail partager le bureau du héros. Leur quotidien semble ritualisé à l’extrême. La mise en scène, la posture des acteurs, le rythme des dialogues. Tout semble régi tel un spectacle de marionnettes qui serait joué à l’identique jour après jour. La seule « touche de couleur » qui amène un peu de surprise et de joie à ce petit monde prend les traits de Aimee Lou Woos qui incarne la pétillante Margaret Harris. La jeune femme sera la porte d’entrée du héros vers un monde plus drôle et plus vivant. Leur relation est touchante et l’harmonie qui semble réunir les deux protagonistes est une belle réussite. Il ressemble à des marionnettes qui prennent vie et qui décident de quitter leur carcan rigide offert par la société.


Ce film est une belle réussite à mes yeux. Je suis entré avec plaisir dans le monde qui abrite cet intriguant Monsieur Williams. J’ai été touché par son histoire. J’ai souri à le voir s’émanciper. J’ai été ému par le destin qu’il décide de s’offrir au crépuscule de sa vie. Il s’agit d’un film qui a éveillé en moi un grand nombre d’émotions du début à la fin. Je le conseille vivement. Je suis certain que vous ne regretterez pas le voyage…


Eric17
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Cinéma 2022

Créée

le 8 févr. 2023

Critique lue 139 fois

Eric17

Écrit par

Critique lue 139 fois

D'autres avis sur Vivre

Vivre
Azur-Uno
7

Never complain, never explain...

N'ayant pas vu le film japonais "Ikiru" de Kurosawa..., le célèbre "Vivre" de 1952, j'apprécie ici le remake dans sa version "british" de 2022, tel que réalisée par le cinéaste sud-africain Oliver...

le 10 janv. 2023

8 j'aime

13

Vivre
bougnat44
9

Un remake réussi

Le scénario a été écrit par Kasuo ISHIGURO, 68 ans, britannique d’origine japonaise et prix Nobel de littérature en 2017. C’est l’adaptation du film « Ikuru » (« Vivre ») (1952) d’Akira Kurosawa...

le 12 déc. 2022

8 j'aime

1

Vivre
chomage
3

Critique de Vivre par chomage

Film de demeuré où qui prend le spectateur pour un demeuré, où les deux. Tout est surligné que ce soit visuellement (plusieurs plans sur la chaise vide au cas où on a pas compris qu'il venait plus...

le 14 janv. 2023

6 j'aime

Du même critique

Astérix chez les Pictes - Astérix, tome 35
Eric17
5

Pour les adeptes de fin de traversée du désert...

Cette année marquera une date importante de la bande dessinée française. C’est en effet la première fois que les aventures des deux plus célèbres gaulois ne sont nés ni de la plume de René Goscinny...

le 11 nov. 2013

33 j'aime

11

Succession
Eric17
8

Pour les adeptes de dysfonctionnement familial...

Succession est une série que j’ai découverte à travers la lecture d’un article qui lui était consacré dans la revue Première. La critique qui en était faite était plutôt élogieuse. Les thématiques...

le 13 août 2018

23 j'aime

5

Django Unchained
Eric17
8

Critique de Django Unchained par Eric17

De manière incontestable, « Django unchained » est l’événement cinématographique de ce début d’année. Chaque nouvelle réalisation de Quentin Tarantino ne laisse pas indifférent l’univers du septième...

le 3 avr. 2013

23 j'aime

1