On pige surtout que ce ne sont pas les qualités cinématographiques de ce film qui en ont fais un succès en 1956 (3 060 791 entrées). Je ne sait pas comment Pierre Chevalier, dont c'est le deuxième film, s'est retrouvé projeté là dedans. Sans doute grâce au succès commercial honorable des "Impures" que je n'ai pas vu. Après Bernard Borderie et Jean Sacha, c'est donc lui qui se voit confier les reines de la quatrième aventure de Lemmy Caution à l'écran.


Le roman de Peter Cheyney est adapté par Victor Trivas (un cinéaste américano-russe que je ne connais absolument pas) et Jacques Doniol-Valcroze (le créateur des cahiers du cinéma !). C'est dialogué par Louis Martin (un inconnu qui n'a pas duré longtemps dans le milieu du cinoche et dont aucun de ses 5 ou 6 films ne me donne envie, à part "L'homme de la Jamaïque" de Maurice de Canonge dont Bertrand Tavernier dit du bien) et Claude Dessailly, le créateur de "La brigade du tigre". Je note aussi que la photo est de Léonce-Henri Burel, qui a bossé pour Abel Gance et Robert Bresson. La musique est du solide Jean Marion.


Lemmy Caution est en vacances, il part pour l'Italie retrouver son pote le professeur Romano (René Clermont). Heureuse coïncidence, c'est à ce moment que le professeur se fait voler les plans d'une mystérieuse invention par une bande de gangsters dont le chef est joué par un Roger Hanin barbu. Les plans étant indéchiffrables on kidnappe le professeur en personne, assommant notre Lemmy au passage. Cela permet à notre amerloque préféré de se lancer dans une enquête où entre deux whisky il pourra donner des coups de poing et draguer des petites pépées, la cigarette au bec. Un scénar' qui en vaut un autre.


C'est sans doute le plus mauvais volet, le cinéma de Pierre Chevalier oblige (il sera l'un des piliers de la firme Eurociné). De rares tentatives de mise en scène et des dialogues pas excessivement pathétiques (disons à peu près fonctionnels, sans génie aucun) font que je ne met pas la note minimale, mais franchement c'est généreux.
On cherche à compenser le manque d'entrain du film en essayant d'émouvoir, et ça, ça ne pardonne pas. On inflige Lemmy d'une gamine insupportable qu'il va se coltiner tout le film. C'est sensé être attendrissant, mais on en a juste rien à foutre.
On essaie de reprendre le procédé de voix off que Jean Sacha avait utilisé dans "Cet homme est dangereux" où c'était assez savoureux, mais ici ça tombe douloureusement à plat.
C'est plan plan, les bagarres sont filmées paresseusement, on ne ressent aucune intensité dans l'action et le final sur le bateau est juste ridicule.
Eddie a beau sourire, se montrer dynamique et décontracté, toute la sympathie qu'on a pour lui ne suffit pas à rattraper ce naufrage.


Mais bon à l'époque, avec la fascination du public pour les américains, la mode des adaptations de la Série Noire, la popularité de Constantine et de la saga, ce machin oublié a atteint les sommets du box office annuel. Tant mieux si ça a payé quelques factures.

grisbi54
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le 27 déc. 2020

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