Voyage au centre de la terre m'a bien diverti. C'est un bon divertissement, aux effets spéciaux de qualités comme l'indique son titre: Voyage au centre de la terre 3D.
Le problème est le caractère commercial de ce titre qui se veut une modernisation du célèbre troisième opus des Voyages extraordinaires. Il est vrai que visuellement, ce rajeunissement de l'adaptation cinématographique porte le film à des sommets plus que jouissifs.
Mais, parle-t-on vraiment de moderniser Jules Verne? Parle-t-on d'une tache que même son fils Michel n'a su accomplir sans quelques dégâts regrettables? Soyons sérieux!
L'oeuvre se veut rajeunie de deux manières: elle réécrit la relation oncle-neveu et elle féminise l'oeuvre originale.
1) Nom de Zeus! Exiunt Axel et Lidenbrock!
Pensant toucher plus au quotidien des jeunes spectateurs, le film transforme les noms des personnages en les américanisant: Lidenbrock, qui a un sens et fait jeu de mot, devient Anderson, nom américain passe-partout (pas John, évidemment!) qui n'apporte que son américanéité. Laissons ce genre de critique à Barthes et attachons-nous au vrai point d'impact de cette restauration qui brise l'original:
les scénaristes ont préféré jouer sur la double prestation George de la jungle / Rick O'Connell de Brendan Fraser(La Momie), qui au passage fait casting à lui tout seul, pour en faire un oncle dépassé par son jeune neveu - certes toujours au ban de la société scientifique comme tous les héros scientifiques de Verne - mais plus crédible en oncle raté de la famille qu'en savant fou.
Dès ce moment, Axel devient Sean (c'est pas une conner[y]!) et par là même, l'enfant américain typique d'une vision optimiste de l'Amérique où tous les jeunes sont des explorateurs et chasseurs de trésor en herbes. Il est moins frileux que son modèle pour ce qui est de l'aventure tandis que son oncle acquiert cette frilosité qui n'appartient pas à Otto Lidenbrock.
Ce duo adulte raté et sans curiosité et jeune ado ouvert au monde passerait, semble-t-on nous faire comprendre, mieux qu'un jeune homme, Axel, entraîné dans des aventures folles par un vieux savant fou, le Pr Lidenbrock. C'est faux et c'est un très mauvais choix au vu et su du succès de la saga Retour vers le futur dont les héros Marty et Doc Brown ont été inventé selon le modèle d'Axel et son oncle dans Voyage au centre de la terre.
2) Tu n'es pas un garçon mais tu es bien bonne !
On a souvent reproché à Jules Verne l'absence ou le rôle secondaire des personnages féminin dans l'économie de son oeuvre. Peu avant sa mort, au début du XXe siècle, Verne explique à un journaliste qu'il n'introduit que rarement des personnages féminins car les jeunes femmes détourneraient les héros de leurs aventures et leur feraient tourner la tête.
Crime pendable!, s'écrient les féministes qui trouve dans ce film une oreille attentive à leur réclamation.
Dans le roman, le seul personnage féminin important est Graüben, la bien-aimée d'Axel à qui il pense tout au long du périple. Dans leur exploration du monde souterrain, Lidenbrock et son neveu sont guidés par Hans, un spéléologue. Les scénaristes se sont dit: Faisons d'une pierre deux coups, fusionnons les deux personnages en un seul. D'où cette belle et jolie spéléologue qui fait office de Graüben et de Hans. Les féministes sont satisfait(e)s, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Qu'en pense l'ami Jules? Il sourit: "je vous l'avais bien dit! Les filles tournent la tête des garçons!".
C'est en effet le problème de ce choix féministe: il confirme la vision de Jules Verne. Car nos deux héros masculins d'âges très différents pourtant deviennent rivaux en séduction et semblent très souvent penser plus à l'agréable postérieur de leur jolie guide qu'à leur expédition. Ne jamais contredire Jules Verne, la contradiction retombera sur vous.
Au final, un film très agréable et visuellement impressionnant s'il n'est pas pris comme une adaptation du roman homonyme. Les fans de Jules Verne risquent de s'arracher quelques cheveux.